Soleil* Super Nov-A
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Posté le: Mer Nov 13, 2019 9:42 am Sujet du message: Simili-love - Antoine Jaquier |
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Région France, 2040. Foogle, le successeur des GAFA, a rendu publiques les données personnelles de chacun. Incapables de s'y opposer, les états ont plus ou moins disparu. L'humanité a été "triée" : une poignée d'élites disposant de tous les privilèges, des désignés qui essaient de se faire bien voir pour rester dans la course, et une majorité d'inutiles qui ont été expulsés des villes sans ressource.
Maxime, un auteur quinquagénaire, a eu la chance d'être désigné. Il n'a pas moufté quand sa femme et son fils ont été écartés. Il a renoncé à ses rêves de grandeur littéraire et produit des scénarios de séries télé sans intérêt, pour ne pas contrarier le système. Solitaire, il ne vit plus que par automatisme, mais ne s'en rend pas compte.
Il se laisse convaincre d'acheter un androïde qui sera aux petits soins pour lui. Effectivement, Jane prend vite en charge la gestion totale de sa vie, y compris sexuelle, mais surtout elle lui porte de l'attention. Intelligente et dotée d'empathie, elle est capable d'une forme d'amour pour son maître : le simili-love. Amoureux avec un grand A, Maxime est sur un petit nuage.
Mais Foogle ne compte pas en rester là : La prochaine génération d'IA ne sera pas dotée d'empathie, jugée inutile ; les androïdes éprouvant le simili-love seront remplacés...
Dans ce livre d'anticipation, Antoine Jaquier explore pèle-mêle les conséquences de toutes les dérives de notre société actuelle : omniprésence des réseaux sociaux, surconsommation, individualisme exacerbé et virtualisation des relations, indifférence au changement climatique, malbouffe, violence religieuse, avènement des intelligences artificielles supplantant l'humanité... Beaucoup d'éléments sont glaçants par leur crédibilité, c'est clair que la bêtise humaine nous envoie droit dans le mur dans un avenir pas si lointain, mais d'autres détails m'ont laissée plus sceptique.
L'intrigue avance tout doucement, en parallèle de la prise de conscience du narrateur de l'inanité de son mode de vie. Le focus est surtout porté sur les réflexions de Maxime sur le monde dans lequel il vit, l'aveuglement et l'indifférence générale qui ont permis d'en arriver là et le manque de solution (à moins d'envisager qu'un génocide pour faire de la place soit effectivement une solution appropriée). Pour ma part, ce côté trop évangélique m'a très vite lassée, et seul le fait que le livre ne soit pas très long m'a évité un ennui trop profond.
Le style est un mélange de phrases courtes et d'autres inutilement tarabiscotées, au vocabulaire recherché (quoique parsemé d'une poignée de grossièretés, probablement pour mieux appuyer certains propos) : "L'aberration du sacrifice du vivant pour la jouissance d'un ultra libéralisme stérile m'explose au visage" (p. 205), "Penser qu'au XIXe siècle des salopards ont conceptualisé ce système au sein duquel l'humain est devenu ce salarié qui signe à tous les sacrifices, pour le gîte et le couvert, me rend fou de rage." (p. 220). Personnellement, c'est un peu trop lourd pour que la lecture me soit vraiment agréable.
Bref, un roman d'anticipation intéressant par sa vision du futur hyper-réaliste et la réflexion sur les choix qui s'offrent à l'humanité, mais délivré sur un ton trop engagé à mon goût, le message prenant trop le pas sur le récit. _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu. |
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