Guillaume de Baskerville
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Posté le: Dim Fév 01, 2009 8:03 pm Sujet du message: Feuillets épars - Primo Levi |
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Cet ouvrage rassemble une cinquantaine de textes, écrits dans les dernières années de la vie de Primo Levi, une postface à la réédition allemande de « Si c’est un homme » et diverses interventions à l’occasion de conférences.
Cet ensemble de textes fait entendre la voix d’un écrivain engagé, observateur avisé de la société italienne contemporaine, opposé à l’action des Brigades rouges, son analyse des problèmes posés par la bioéthique et divers articles sur Victor Hugo, Kafka et la science-fiction et ses réflexions sur les liens insoupçonnés mais féconds entre chimie et écriture car Primo Levi est au départ chimiste de profession.
Primo Levi, c'est avant tout un homme qui porte témoignage.
Ce monde, c'était finalement à nous d'avoir à supporter de ne pas pouvoir le comprendre, écrit le rescapé du camp de déportation d'Auschwitz. A nous et à nous exclusivement , privilège que nous n'avions pas réclamé, sera dévoilé le vrai visage de l'homme.
Primo Levi, c'est bien entendu Se Questo è un Uomo (Si c'est un homme).
Pourquoi s'embêter à lire les Dilettantes, ouvrage long, moyennement bien écrit et à la dangereuse ambiguité dans sa douteuse tentative de banaliser le mal, lorsqu'on a Primo Levi sous la main ?
Ah, j''oubliais. Primo Levi n'est pas à la mode, Littel si.
Le besoin d'écrire ... jamais on ne l'avait sentit aussi fort chez un homme :
En fait, le livre était déjà écrit, sinon en acte, du moins en intention et en pensée dès l’époque du Lager : le besoin de raconter aux "autres", de faire participer les "autres", avait acquis chez nous, avant comme après notre libération, la violence d’une impulsion immédiate, aussi impérieuse que les autres besoins élémentaires ; c’est pour répondre à un tel besoin que j’ai écrit un livre ; c’est avant tout en vue d’une libération intérieure.
Ecrirre était devenu une nécessité pour Primo Levi. Ecrire pour rester en vie, écrire pour ne pas devenir fou, écrire pour porter témoignage devant l'humanité.
Je racontais avec vertige, .... tant et si bien que naquit un livre. Brièvement , je retrouvais la paix, je redevenais un homme , un de ceux qui se marient et ont des enfant, qui se tournent vers l’avenir et non vers le passé.
Et il fallait raconter à un monde parfois incrédule l'atroce tentative d'avilissement et d'annihilation totale d'un peuple par ceux qui se considéraient être une race supérieure. On a vu depuis, entre autres en Afrique et en Yougoslavie, qu'Hittler a eu bien des successeurs.
Primo Levi le dit : cette tentative extrêmement bien organisée, aux mécanismes burocratiques bien huilées et qui poussait le sens de l'économie (on parlerait aujourd'hui de règles de capitalisme moderne) jusqu'à récupérer les cendres des corps carbonisés pour construire des routes, n'était le prélude qu'à d'autres entreprises de ce genre. Il avait malheureusement raison. L'homme n'apprend rien et ne retire rien de l'histoire.
Faut-il toutefois renoncer ? La réponse de Levi est non. Il a trop cru justement qu'il lui serait impossible de parler un jour comme lorsqu'il écrivait ceci à Auschiwtz :
Nous ne reviendons pas. Personne ne sortira d’ici, qui pourrait porter au monde, avec le signe imprimé dans sa chair, la sinistre nouvelle de ce que l’homme, à Auschwitz, a pu faire d’un autre homme.
Pour Levi, comme on l'a déjà dit, Dieu est mort, l'humanité est morte à Auschwitz, chez les bourreaux comme chez les déportés :
Les personnages de ce récit ne sont pas des hommes. Leur humanité est morte.
Et voilà que demeure l'espoir en la personne de Lorenzo, un homme qui lui tend la main :
Mais Lorenzo était un homme : son humanité était pure et intacte, il n’appartenait pas à ce monde de négation.
Alors tout espoir n'est pas mort, surtout si on continue de lire Primo Levi. _________________ L'un pour lire tourne le dos à la vie et l'autre, résolu à s'y épanouir, lui accorde un moment d'attention. |
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