Soleil* Super Nov-A
Inscrit le: 12 Avr 2006 Messages: 5856 Localisation: deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin...
|
Posté le: Mer Avr 23, 2008 8:54 pm Sujet du message: Le loup mongol - Homeric |
|
|
(Prix Médicis 1998)
XIIe siècle, dans la steppe d'Asie. Bo'ortchou, qui se prépare à mourrir, fait le récit de sa vie. A 16 ans, il a rencontré dans les steppes un garçon de son âge, Tèmudjin, l'a aidé à récupérer un cheval volé et est devenu son frère juré. Il a ensuite accompagné fidèlement Tèmudjin, pendant les longues années où celui-ci a rallié sous sa bannière les clans mongols puis annexé à son empire la Chine et la Perse, espérant aplanir les dissenssions entre les peuples en leur imposant un maître unique. Car Tèmudjin, le loup mongol, est plus connu sous le nom de Gengis Khan. Bo'ortchou, son ami, son confident, nous le révèle, fort, déterminé, fascinant.
Rien ne manque dans ce récit : De l'action bien sûr, car l'empire de Gengis Khan ne s'est pas construit sans de terribles batailles, âpres et féroces ; de nobles sentiments tels loyauté, amitié, amour (celui de Tèmudjin pour son épouse Börte, celui de Bo'ortchou pour celle qu'il ne faudrait pas...) ; de la poésie, c'est très très beau, une très belle écriture très évocatrice... ; et pour ceux qui aiment les chevaux ( ), des chevaux superbes, les Mongols leur accordant plus d'importance qu'à leurs femmes.
Je trouve ce livre absolument magnifique et je vous le conseille absolument.
Mais pas aux plus jeunes cependant, les guerriers Mongols n'étant pas des enfants de choeur et le livre ne nous épargnant pas les détails. Vous y apprendrez en vrac que les Mongols désorbitent les yeux des moutons bouillis pour les croquer, dévorent les coeurs chauds des antilopes et sucent la cervelle du gibier. Vous y apprendrez aussi mille et une façons d'accommoder les suppliciés : cuits dans des chaudrons d'eau bouillante, lardés aux vers à viande, décapités, émasculés, découpés en fins morceaux ou encore lentement écrasés sous des pierres plates puis offerts en bouillie à la gourmandise des yacks...
Pour vous allécher, vous trouverez le début du livre sur le site des éditions Grasset : http://www.edition-grasset.fr/chapitres/ch_homer.htm
Citation: | Mon nom est Bo’ortchou. Mes os sont très vieux, je suis parvenu aux ultimes lueurs de mon existence. Lentement, je tourne sur mes pieds usés et m’abreuve de ce qui depuis toujours est ma terre, la Mongolie. Un océan d’herbes qui danse et se tord sous le vent. Autour de moi, ce vent gifle les roches et plie les arbres. Tout est en ordre. Je peux m’étendre. |
Citation: | Nous avions le même nombre de printemps, seize, mais, étaient-ce les périls affrontés, il paraissait bien plus mûr que je ne l'étais. Tout son être vibrait d'une énergie intense, silencieuse. Il était comme un rocher tombé du ciel, bloc dense et vigoureux, brûlant, impavide. Le moindre de ses gestes avait cependant la souplesse et l'aisance des grands félins. Jamais je n'avais ressenti une telle impression de force et de maîtrise, et quand il se redressa en me demandant de rester en arrière, je protestai :
- Depuis que nous chevauchons, il n'y a pas eu un seul arbrisseau, la moindre pierre pour nous séparer. Vois ! Nos pas n'ont laissé qu'une seule trace.
- Ce sont des Souverains, dit-il en désignant les voleurs. Evite de les avoir sur le dos, car comme les mouches sur les vieux chevaux, ils te persécuteront sans relâche.
- Ils ont volé un frère. Ils pourraient te tuer. Je ne suis pas venu pour rester à l'écart. Accepte mon amitié.
Il ajustait son carquois, s'interrompit, me sonda en un clin d'œil et fit signe de le suivre ; un immense pan de ciel bleu venait de déchirer la nuit... |
|
|