Soleil* Super Nov-A
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Posté le: Mer Avr 09, 2008 12:17 pm Sujet du message: Rroû - Maurice Genevoix |
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Résumé
Rroû, le chat noir, aime à explorer avec ivresse le jardin de la Charmeraie et pousse chaque jour ses découvertes de plus en plus loin. De retour à la ville, Rroû ne s'habitue pas à ce monde clos. Alors un matin, il rompt toutes les attaches et se sauve, seul et libre, au seuil de l'hiver...
Voilà un livre que j'aime beaucoup. Edité en 1930, il n'a pas pris une ride.
Il est classé en jeunesse, mais peut s'adresser à tout public tant son écriture est soignée et poétique (C'est très littéraire, avec des mots soigneusement choisis).
Comme l'indique le résumé, il s'attache à la vie de Rroû, dès ses premiers pas de chaton curieux et fier. C'est raconté depuis son point de vue, d'ailleurs le texte passe parfois à la première personne.
Et c'est très beau, poignant même par moments. Moi qui ai la larme facile, j'ai pleuré en lisant certains passages.
Je vous le recommande donc chaudement.
Et cerise sur le gâteau, dans l'édition que j'ai (Castor Poche, celle de l'image que j'ai mise), il y a quelques très belles illustrations en noir et blanc de Rroû.
Citation: | Rroû s'est soulevé au bord de la caisse. La tête tendue vers la lucarne sans rideaux, il regarde en plein ciel la fuite des nuages sur la lune ; et ses yeux luisent comme ils luisaient là-bas, dans les branches du sureau ou sous les broussailles du talus. Il écoute la rumeur énorme, le frémissement immense dont se soulève la nuit d'automne ; et ses oreilles pointent ou se couchent, tandis que sa gorge se gonfle sur un cri roucoulant qui monte, qui va jaillir comme autrefois. Il le retient, toute sa ruse en éveil. Des ondes brèves courent sur son pelage. D'un bond coulé, merveilleux de souplesse précise, il saute hors de la caisse sans froisser l'épaisseur des vrillons. Et le voici qui tourne dans la chambre, les pattes muettes, la tête toujours tendue vers la lucarne bleue de lune. |
Citation: | Rroû lacérait des griffes et grondait ; déchirait la chair rouge en secouant les mâchoires, et grondait. Ce lisse de muscles dénudés, cette tiédeur qui ballote et ruisselle, ce tendon qui résiste et s’arrache, tout cela sous les crocs, dans la gorge, dans le ventre qui pèse et qui se creuse encore, et sous les crocs toujours pendant que la gorge gronde, et que le cou se gonfle au passage des chaudes nourritures, tout cela, c’est manger, manger pour la première fois. |
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