Posté le: Ven Fév 15, 2008 12:04 am Sujet du message: Le Roi des Rats - China Miéville
_ Eh bien, tu ne peux pas revenir en arrière, donc tu n'as plus qu'à foncer devant toi. Il faut que je t'apprenne à être un roi. Tu as beaucoup d'atouts, fiston. Retiens ton souffle et serre bien fort, fige-toi comme une statue... tu es invisible. Déplace-toi comme il faut, délicatement sur la pointe des pieds, et tu ne feras pas un bruit. Tu peux être comme moi. En ce qui te concerne, le haut n'est plus hors d'atteinte et le bas n'est plus à craindre. [...]
_ J'ai l'impression de pouvoir tout faire, dit-il, au comble de l'exaltation.
_ Tu le peux, fiston. Tu es un raton. Suffit que tu apprennes les trucs. Il faudra que tu te fasses les dents. Toi et moi ensemble, de la dynamite. Nous avons un royaume à reprendre.
Quand Saul Garamond revient chez lui, il trouve son père mort, défenestré par un inconnu. Saul est accusé du meurtre, il doit fuir. Il trouvera l'aide de l'antipathique Roi des Rats, monarque secret de tous les rats de la planète.
Dans les égouts de Londres, le Roi des Rats révèle à Saul leur parenté. Il est son oncle et désire l'instruire sur sa vraie nature et ses pouvoirs de rat. L'obscure souverain a un but : avec son neveu, traquer l'homme qui l'a humilié il y a plusieurs. Un ennemi intime qu'il soupçonne d'avoir tuer le père de Saul. Le Joueur de Flûte.
Et pendant ce temps, alors que les amis de Saul s'inquiètent de sa disparition, ils reçoivent la visite d'un homme charismatique, mystérieux et remarquable expert à la flûte.
Si tous les rats du monde se tenaient la patte dans la patte
Avant de signer son grand succès, Perdido Street Station, China Miéville écrit un roman fantastique fort inspiré librement de la légende du joueur de flûte de Hamelin. C'est un livre intéressant que j'ai pris plaisir à lire mais je lui reproche trois faiblesses, pas vraiment des défauts, il s'agit plutôt d'une question de goût.
D'abord, je trouve un petit quelque chose d'inachevée. China Miéville crée une large mythologie avec un Roi des Rats, un Roi des Oiseaux, un Roi des Araignées, et de nombreux autres Rois juste cités. J'ai l'impression que l'auteur aurait pû aller plus loin dans son univers, mieux le développé. Un peu à la manière d'un Neverwhere de Neil Gaiman. C'est comme découvrir New-York en ne sortant pas de l'aéroport JFK, on rate quelque chose.
Deuxième point. Le roman baigne dans le Jungle, la Drum and Bass. Comme je ne connais pas bien ce genre musical, je n'ai pas saisi l'ambiance que China Miéville a voulu donner à son histoire. C'est comme lire Armageddon Rag de George R.R. Martin sans connaître la musique des années 60-70. L'auteur parle d'une chose que le lecteur n'appréhende pas. Ce fût mon cas pour Le Roi des Rats.
Troisième faiblesse. La politique. Je pense qu'un lecteur ne s'y connaissant pas trop n'y fera pas très attention. China Miéville profite du récit pour exposer quelques idées marxistes. Le principe n'est pas nouveau et ne m'a jamais gêné mais là où certains auteurs savent être subtils dans le message qu'ils veulent passer, China Miéville se montre parfois lourd.
Laissons là les faiblesses et passons aux bons côtés. C'est un roman sauvage. Sans révéler quoique ce soit, je peux vous dire que l'intrigue se résume d'abord en une lutte furieuse entre Saul Garamond et le Joueur de Flûte. Un combat secret dans les entrailles de Londres, une guerre de pouvoirs où un seul survivra. Cette fureur, cette rage, on la ressent à chaque page. C'est la manifestation bestial du livre, son côté "rat".
Autre point fort. Le décors. China Miéville entraîne ses lecteurs dans un Londres sale, une ville puante, plein de poussière, de boue et de saleté. On ne visite pas les beaux quartiers, les maisons de bourgeois, les rues propres. Le tableau, ce sont les égouts, les décharges, les ruelles emplies de déchets, de sans-abris et, bien entendu, de rats. Saul le dit lui-même : cette ville pue le rat. En cela, Londres n'est pas sans rappeler la Nouvelle Corbuzon décrite dans Perdido Street Station.
Pour conclure, car il faut bien conclure, j'ai bien aimé Le Roi des Rats. C'est un bon roman, j'ai pris plaisir à le lire mais il n'est pas sans défauts. China Miéville pouvait faire mieux. Il le fera deux ans plus tard avec Perdido Street Station.
Inscrit le: 04 Avr 2005 Messages: 6326 Localisation: Sud
Posté le: Ven Fév 15, 2008 9:49 am Sujet du message:
Personnellement j'ai trouvé que c'était un livre à l'écriture puissante (on reconnaît bien là Mieville !) mais je n'en ai pas raffolé, un peu pour les raisons qu'a fort bien exposées Algernon, beaucoup parce que j'ai trouvé que l'auteur s'étalait trop complaisamment dans l'ordure et les aspects les + trash . Qualifiez-moi de chochotte si vous voulez, mais là j'ai quand même saturé, ce qui ne m'est pas arrivé dans le Neverwhere, de Gaiman, alors même que le roman de Miéville a une envergure qui, toujours à mon avis, évidemment, dépasse nettement celui de Gaiman. _________________ Même le soleil se couche.
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