L Hellreader
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Posté le: Sam Nov 24, 2007 10:08 pm Sujet du message: Monroe - Wazem et Tirabosco |
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En 1962, une tribue Inuit découvre dans le ventre de la baleine qu'ils viennent de chasser, une chaussure blanche, immaculée. Sakaeunnguaq, un des chasseurs, reconnait celle-ci, grâce à une affiche qu'il a dans son igloo. Cette chaussure, c'est celle de Marilyn Monroe.
Entendu qu'on ne peut pas se déplacer si on a qu'une seule chaussure, Sakaeunnguaq est chargé de se rendre à Hollywood pour remettre la chaussure à sa propriétaire.
Ed.Casterman; coll. Un monde; 62 pages
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Monroe conte une quête, celle d'un Inuit qui quitte son monde, cette terre gelée dont il n'a jamais franchi les frontières, et va en découvrir un autre, différent....la civilisation.
Wazem et Tirabosco arrivent à rendre cette quête attachante, la faisant osciller entre douce naïveté et dure réalité, prêtant à sourire, à haïr.
Derrière le ton burlesque que peut paraitre prendre cette quête, on se rend compte que les auteurs nous trace l'itinéraire de l'américan dream, cette course à la civilisation qu'une frange de l'humanité place sur un pied d'estale, receptacle ultime du secret bonheur.
Sakaeunnguaq va rencontré plusieurs personnes, dont quelques unes qui feront un petit bout de chemin avec lui: Arturo et Ewans, deux personnages appartenant à une amérique pas si profonde que ça, avec leurs apprioris racistes et leurs idées arrêtées; et Svetlana, cette jeune femme endurçie, qui croit dur comme fer à ces idéaux et dont l'action contre le système qu'elle combat prête plus à sourire qu'autre chose....
Le bonhomme de chemin du personnage principal prend ainsi différents aspects où se mêlent étonnement et curiosité: étonnement de la tournure que prennent les événements, curiosité de savoir où ils vont mener notre Inuit. Sans beaucoup de dialogues, les auteurs rendent attendrissant notre guide, et fascinante son aventure.
L'humour est toujours présent, revêtant des formes diverses, dont la plus marquante au final, est surement celle cynique.
Ce qui pourrait en rebuter plus d'un, c'est surement le trait et les couleurs employées par Tirabosco, loin des codes du trait clair et des couleurs chatoyantes. Son dessin m'a paru assez fixe, et c'est la seule chose qui m'ait dérangé. Après, le détail est présent, le trait épais et rond, et la colorisation type pastel, alliée pour la plupart du temps à des teintes sombres, donne un rendu que j'ai trouvé agréable et original.
L'histoire est datée dès le début: 1962. L'année de la mort de Marilyn. Comme l'indicateur d'un espoir toujours possible, celui de pouvoir arriver à temps. Ou alors l'indicateur d'une désillusion inévitable, celui de la quête vaine.
La BD répond à cette question quand nous tournons la dernière page, et quittons en même temps que Sakaeunnguaq, ce rêve aux allures de cauchemar. _________________ Brise et ruine d’abord ce monde, nous verrons si l’autre surgit ensuite |
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