Soleil* Super Nov-A
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Posté le: Dim Aoû 10, 2008 7:03 pm Sujet du message: L'injure au soleil - Joyce Rockwood |
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Titre original : To spoil the sun (1976)
Traduit de l'américain par Rose-Marie Vassallo (1982)
A partir de 12/13 ans
XVIe siècle.
Colombe-de-Pluie est une indienne Cherokee. Elle n'a que 9 ans quand intervient le premier des 4 présages qui annoncent de sinistres évenéments. Ces présages imprécis vont lourdement peser sur son enfance et son adolescence. La vie s'écoule cependant à son rythme.
Suite à l'arrivée des Européens sur le continent américain, le "feu invisible" (une épidémie de variole, la première d'une longue série) va tout détruire sur son passage. Les Sages des Sept Clans comprennent alors que le Soleil a été injurié...
Le peuple Cherokee arrivera-t'il à survivre ?
L'auteure, Joyce Rockwwod, a longtemps étudié l'histoire et la culture des indiens Cherokee, avant et après la venue des colons de l'Ancien Monde. Les indiens qu'elle met en scène sont donc particulièrement "vrais".
L'auteure - par la bouche de sa narratrice Colombe-de-Pluie - nous décrit la vie de tous les jours des indiens Cherokee, agrémentée de petites et grandes joies, petites et grandes peines... C'est merveilleusement vivant. Le rythme est assez lent, ce n'est pas un livre d'aventures, mais ce n'est cependant jamais long.
Vous l'aurez compris, j'aime beaucoup ce livre !
A conseiller à des enfants déjà bons lecteurs, car c'est plutôt dense.
Citation: | Un jour enfin, au coeur de l'été, ma mère m'apprit que Vison était allé parler à mes oncles, et que ceux-ci l'avaient invité à nous faire sa demande officielle.
- Ce jour-là, quand il viendra, tu devras lui donner ta réponse, me dit-elle. Personnellement, j'approuverais des fiançailles, tout comme d'ailleurs mes soeurs et mes frères, et tes frères également, encore que Deux-Corbeaux ne soit pas enchanté. Tu devrais préparer la bouillie de maïs pour la venue de Vison ; mais ce sera à toi de choisir si tu lui en laisses manger ou non.
[...]
- J'aimerais beaucoup goûter à cette bouillie de maïs, dit-il.
Mon coeur fit un bond et, l'espace d'une seconde, je me crus paralysée. Puis je me penchai vers le feu, hésitante, et donnai un tour de la cuiller de bois que j'avais réussi à prendre avant lui.
- Nnnnnon..., bredouillai-je. Elle n'est... Elle n'est pas encore prête.
- Dommage, dit Vison. Elle sent bon. Peut-être tout à l'heure ?
- Je ne sais pas, hésitai-je. C'est très lent à cuire.
[...]
L'atmosphère était devenue détendue et amicale. Je me sentais moins crispée et j'écoutais, en rêvant, Vison parler des merveilles de la mer. Ses profondes connaissances m'attiraient. Au fil de la journée, il m'arriva encore de prendre la parole, de façon spontanée et même irréfléchie, et chaque fois, me semblait-il, lui revenait son petit sourire. Mais la plupart du temps, ce fut lui qui parla, et durant ces longues heures je l'écoutai, bercée par ses paroles e tle son de sa voix. Au crépuscule, il était encore là, et nous étions tous un peu fatigués et plutôt affamés d'avoir passé tout ce temps à converser sans manger. C'est alors que Vison me regarda e souriant et dit :
- J'imagine que cette bouillie de maïs est cuite, à présent.
Je ne le regardai pas. Je jetai un long regard dans le fond de mon chaudron. La bouillie était désséchée, prise en bloc contre la paroi, pour avoir attendu trop longtemps sur le feu. Je tendis la main pour essayer de la remuer avec la cuiller, mais elle avait attaché au fond et je ne pus la décoller. Je fus soudain prise de fou rire. C'était plus fort que moi. Le désastre était tel qu'il n'y avait rien d'autre à faire. Je réussis à en détacher la cuiller et la tendis à Vison en disant :
- Oui, apparemment, elle est bien cuite.
Il réprima un sourire, plongea la cuiller dans le chaudron et parvint à en extraire un morceau sec comme du pain. Il le porta à sa bouche et le mangea.
- Savoureux, dit-il, bien qu'un peu pâteux.
Puis je vis ses épaules trembler et à son tour, il éclata de rire. Mon fou rire reprit de plus belle, et nous riions tous les deux, moi derrière mes mains, secouée par la pensée de ce que je venais de faire. |
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