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Posté le: Sam Sep 20, 2008 9:19 am Sujet du message: Un Animal doué de Raison - Robert Merle
Le dauphin mâle Ivan a grandi auprès des humains qui l'étudient et lui aprennent à parler, avec un certain succès, puisqu'il s'est lui-même rebaptisé Fa, mais il ne sait utiliser que des mots isolés, et ses "dresseurs" n'arrivent pas à le faire passer du mot à la phrase. Pour venir à bout de cette difficulté, ils lui donnent une compagne, puis séparent les 2 dauphins, jusqu'à ce que Fa réclame par un clair "Fa wants Bi" (Fa veut Bi) le retour de sa compagne. A partir de là, l'apprentissage du langage par les deux animaux va aller très vite. Pour le plus grand plaisir des agences gouvernementales qui suivent de très près cette expérience .
Sur fond de guerre froide (et du Vietnam) et de crise des missiles à Cuba, ce roman est assez "daté" sur le plan de l'intrigue "politique". Il ne me semble pas toutefois que ce soit gênant, dans la mesure où il suffirait de changer certain(s) pays impliqué(s) pour que l'histoire reste plausible. Cela dit, comme je le lis et relis depuis 30 ans, je suis peut-être mauvais juge sur ce point .
Le roman est bien construit, et agréable à lire, avec toutes les qualités habituelles de Merle, qui sait construire intrigues et persos. Le principal reproche que je lui ferai concerne sa vision des femmes, et des rapports hommes-femmes, encore plus "schématique" dans ce roman que dans Malevil. Mais pour ceux et celles que ça ne gêne pas, c'est du tout bon . Et pour les autres, ça reste lisible .
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Posté le: Sam Sep 20, 2008 1:01 pm Sujet du message:
OUh là, j'ai lu ça il y a fort longtemps, je me souviens vaguement de projets scientifiques... bon je m'en souviens, c'est déjà un signe que ça m'avait marquée ! _________________ Fantasy can become reality (Stratovarius).
Ah Je n'ai pas vu le film, mais ce n'est pas l'impression globale que me laisse le livre, même s'il s'y trouve des moments tristes. Et la fin, quoiqu'en demi-teinte, est moins effrayante que celle de Malevil (bon, ce n'est pas vraiment une référence, dans ce domaine ), laissant quand même une grande place à l'espoir.
Merci pour l'illustration , je ne pense jamais à en mettre .
De rien. Je suis là pour ça. --Algernon _________________ Même le soleil se couche.
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Posté le: Sam Fév 13, 2010 10:06 pm Sujet du message:
Le fond est bien, très pessimiste sur la nature de l'homme mais pas si irréaliste...
Comme l'a dit Lisbeï, ça pourrait sans difficulté être remis au goût du jour avec un contexte politique plus moderne.
Mais la forme est particulièrement rebutante. Passe encore les longueurs interminables de ce que pensent nos cétologues ou de ce qui se passe à droite et à gauche dans le monde, ce n'est pas inintéressant. Mais les bouts de phrases sans point final mais seulement des virgules, qui s'enchainent à la queue leu leu, mélangées, avec des dialogues dans le texte et des sauts du coq à l'âne d'une idée à l'autre et retour au début de la phrase, mais sans jamais avoir fini la phrase en question... Ce n'est pas les phrases longues de Proust, ce sont plutôt plusieurs phrases découpées en petits bouts et re-mélangées sans souci de cohérence, pfff ! C'est très très fatiguant à lire, il faut rester super-concentré ! C'est au point que les paragraphes finissent pas une virgule, le paragraphe suivant commençant sans majuscule... J'ai vu aussi des doubles pages complètes sans un point ni un passage à la ligne, c'est d'un lourd !
Un exemple :
Citation:
bien sûr, je puis dire que, moi, du moins, j'ai accompli une oeuvre, je suis l'homme qui a fait parler les bêtes, mais je suppose que Prométhée, lui aussi, se réjouissait d'avoir donné le feu aux hommes avant de savoir ce qu'ils allaient en faire, l'homme-bête, dans la Tempête, dit à Prospero : "Tu m'as appris à parler et tout le profit que j'en ai, c'est que je sais blasphémer", je me souviens quel effet ça m'a fait quand j'ai lu cette phrase, elle a jailli du texte avec une force terrifiante, toute la destinée humaine était là, l'homme corrompant tout, salissant tout, tournant le meilleur en pire, le miel en fiel, le pain en cendres
Au point que j'ai souvent été à deux doigts de lâcher le bouquin bien que je voulais connaître la fin... _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.
A noter que de nos jours, les dauphins suivis dans des programmes équivalents font des phrases, ont un vocabulaire de 800 "mots" et inventent spontanément des tournures au figuré.
Inscrit le: 04 Avr 2005 Messages: 6326 Localisation: Sud
Posté le: Mar Fév 16, 2010 7:04 pm Sujet du message:
@Soleil : personnellement, ça ne me gêne pas du tout, au contraire ça me donne à entendre les pensées de la personne (c'est le professeur, là, non ? Pa ? j'ai oublié son nom "humain"), mais c'est un autre des éléments qui "datent" le roman, ça ne se fait + du tout de nos jours. _________________ Même le soleil se couche.
Inscrit le: 12 Avr 2006 Messages: 5856 Localisation: deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin...
Posté le: Mar Fév 16, 2010 9:33 pm Sujet du message:
Lisbeï a écrit:
ça ne se fait + du tout de nos jours.
Tant mieux ! _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.
Inscrit le: 26 Oct 2009 Messages: 41 Localisation: Paris
Posté le: Mer Fév 17, 2010 11:06 am Sujet du message:
Lisbeï a écrit:
ça ne se fait + du tout de nos jours.
Un peu si. Saramago le fait.
Dans les deux cas, l'effet recherché est la rapidité. Les virgules, respirations courtes, créent le halètement. Et l'absence de points crée un ton qui ne tombe pas.
Chez Merle, dans ce roman, le résultat est l'impression que l'action est trépidante, que les faits s'enchaînent.
Chez Saramago, les dialogues ont la tension et la rapidité d'un échange oral qui fuse, plein de répartie.
Inscrit le: 12 Avr 2006 Messages: 5856 Localisation: deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin...
Posté le: Mer Fév 17, 2010 1:39 pm Sujet du message:
nico a écrit:
Chez Merle, dans ce roman, le résultat est l'impression que l'action est trépidante, que les faits s'enchaînent.
Il n'y a que sur moi que ça ne marche pas, alors ?! Parce que moi ça m'assome et ça me donne envie de lire en diagonale... _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.
Inscrit le: 26 Oct 2009 Messages: 41 Localisation: Paris
Posté le: Mer Fév 17, 2010 2:13 pm Sujet du message:
Soleil* a écrit:
nico a écrit:
Chez Merle, dans ce roman, le résultat est l'impression que l'action est trépidante, que les faits s'enchaînent.
Il n'y a que sur moi que ça ne marche pas, alors ?! Parce que moi ça m'assome et ça me donne envie de lire en diagonale...
Ca nécessite une bonne disposition (je voulais dire concentration mais c'est un peu exagéré) et du calme autour de soi pour que le lecteur puisse bien entendre sa voix dans sa tête.
Peut-être lis-tu très rapidement, non ?
Je me suis toujours demandé comment faisaient ces gens qui lisent vite pour entendre dans leur tête leur voix prononcer silencieusement ce qu'ils lisent.
S'ils lisent plus vite qu'ils parlent, c'est pas possible. Si ?
Posté le: Mer Fév 17, 2010 3:49 pm Sujet du message:
nico a écrit:
Peut-être lis-tu très rapidement, non ?
Je me suis toujours demandé comment faisaient ces gens qui lisent vite pour entendre dans leur tête leur voix prononcer silencieusement ce qu'ils lisent.
S'ils lisent plus vite qu'ils parlent, c'est pas possible. Si ?
Pour ma part, je n'ai pas de voix qui prononce silencieusement ce que je lis, mais plutôt des images qui défilent à la manière d'un film. Ca tient peut-être au fait que je lis vite, va savoir.
Mais du coup, mon intérêt pour ce livre baisse considérablement. Je suis très sensible à la ponctuation, et ce que j'ai vu plus haut dans l'extrait me laisse extrêmement dubitative. _________________ Mille et un mondes
Inscrit le: 04 Avr 2005 Messages: 6326 Localisation: Sud
Posté le: Mer Fév 17, 2010 4:36 pm Sujet du message:
nico a écrit:
Soleil* a écrit:
nico a écrit:
Chez Merle, dans ce roman, le résultat est l'impression que l'action est trépidante, que les faits s'enchaînent.
Il n'y a que sur moi que ça ne marche pas, alors ?! Parce que moi ça m'assome et ça me donne envie de lire en diagonale...
Ca nécessite une bonne disposition (je voulais dire concentration mais c'est un peu exagéré) et du calme autour de soi pour que le lecteur puisse bien entendre sa voix dans sa tête.
Peut-être lis-tu très rapidement, non ?
Je me suis toujours demandé comment faisaient ces gens qui lisent vite pour entendre dans leur tête leur voix prononcer silencieusement ce qu'ils lisent.
S'ils lisent plus vite qu'ils parlent, c'est pas possible. Si ?
Eh bien je vais peut-être battre ta théorie en brêche, mais avec mes 100 pages à l'heure en moyenne, j'entends très bien les voix dans ma tête comme je le disais + haut :
Inscrit le: 12 Avr 2006 Messages: 5856 Localisation: deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin...
Posté le: Jeu Fév 18, 2010 9:14 am Sujet du message:
Pas de petite voix pour moi. Je pense que ça tient à la facilité de lecture : Quand je lis en anglais, j'ai bien une petite voix qui s'acharne à lire et à essayer de traduire, au moins pendant les premières pages jusqu'à ce que je rentre dedans, après plus de petite voix ! _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.
Posté le: Jeu Fév 18, 2010 7:02 pm Sujet du message:
Alors, j'ai lu ce roman il y a très très longtemps et, si j'ai adoré l'idée de départ, les dauphins, l'idée du langage, je me suis aussi vite ennuyée à la moitié du roman. L'apprentissage de la langue m'a semblé un tantinet fastidieux.
En ce qui concerne "la petite voix", je dois dire que je n'entends rien mais que je vois le film se dérouler devant mes yeux. Je "vois" encore très bien les lieux et surtout le dauphin principal. Les humains, eux, me sont sortis de la tête.
Posté le: Jeu Fév 20, 2014 8:06 pm Sujet du message:
Je suis tombé sur une édition de poche originale de Un animal doué de raison par Robert Merle en parfaite état. La tentation était trop forte de goûté à l'écriture d'une époque désormais lointaine.
En pleine guerre froide, les deux blocs misent sur l'intelligence animale. Des recherches sont menés tout d'abord sur des primates, mais les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances. Ainsi, les études sont tournés vers les dauphins. Ces animaux marins sont des être très intelligent dont le cerveaux est approximativement de même taille et de même morphologie que celui de l'être humain. Ces cétacés ont un avantage certain, puisqu'ils peuvent passer inaperçu par les sonars les plus perfectionner.
Bienvenue dans une époque sombre où chacun des deux blocs pouvaient détruire la planète avec leurs arsenaux nucléaires, où chaque faits et gestes étaient surveillés étroitement. Bon, en fait, cela n'a pas tellement changé, mais nous faisons semblant de croire que l'on vit dans une certaine liberté. Félicitons l'auteur pour sa maîtrise linguistique, sa verve et ses recherches. En avant-propos, Robert Merle a écrit une petite note comme quoi, il souhaitait que son roman soit le plus proche possible d'un documentaire. Bien qu'il soit intéressant et parfois émouvant, pourtant, j'ai eu beaucoup de mal avec son roman pour plusieurs raisons. En premier, il y a une forte partie trop politisé. Pour poursuivre, il faut savoir que l'auteur a écrit son livre avec plusieurs style littéraire, une prouesse en soit, mais un supplice pour moi lorsqu'il passait à un certain style.
Le style narrative donc, il y en a plusieurs. Le style normal avec dialogue entre les chercheurs et les cétacés. Puis, un autre, style passif, l'auteur décrit les événements. Enfin, celui qui m'a posé beaucoup de problème, un style spécial. Je ne sais pas vraiment comment le décrire. Une phrase longue (parfois une page) entrecoupé par de nombreuses virgules ou les dialogues ne font plus qu'un avec la narration. C'est un style voulu par Robert Merle, certainement. Je ne sais pas si c'est le cas dans les autres éditions, mais j'ai trouvé ça très énervant comme lecture, d'autant plus que ces passages prennent une majorité du roman.
Posté le: Jeu Fév 20, 2014 9:07 pm Sujet du message:
Lisbeï a écrit:
Ah tiens, c'est drôle, c'est le contraire en ce qui me concerne : je "n'entends" le texte qu'en français .
Je n'entends le texte qu'en français.
En anglais, je n'entends le texte que s'il s'agit d'un texte simple (phrases courtes, vocabulaire courant). Ce qui arrive rarement car je lis essentiellement la presse.
Inscrit le: 27 Juin 2011 Messages: 3326 Localisation: Great North
Posté le: Ven Fév 21, 2014 10:40 am Sujet du message:
A propos du côté anticipation du bouquin , Merle parle d'un président ancien acteur d'Hollywood et mentionne Ronald Reagan , à l'époque gouverneur de Californie , or le bouquin est paru en 1967 et Reagan fut élu président en 1981... _________________ "Tout est dans tout et réciproquement ."
Posté le: Ven Fév 21, 2014 5:28 pm Sujet du message:
En 1967, Reagan venait d'être élu Gouverneur de Californie. Par ailleurs, la nature de ses appuis et la qualité de sa campagne laissaient présager qu'il irait encore plus loin.
Posté le: Lun Fév 24, 2014 12:22 am Sujet du message:
En lisant, ce livre, Werber a perdu ses derniers mérites à mes yeux (les Fourmis étant le seul lisible) : j'ai réalisé que Merle l'avait devancé de trente ans. _________________ En cours de lecture : Le Mythe de Sisyphe, d'Albert Camus
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