Inscrit le: 23 Nov 2010 Messages: 1049 Localisation: Lille
Posté le: Mer Fév 09, 2011 10:48 am Sujet du message: American Psycho - Bret Easton Ellis
Présentation de l'éditeur
"Je suis créatif, je suis jeune, [...] extrêmement motivé et extrêmement performant. Autrement dit, je suis foncièrement indispensable a la société ". Avec son sourire carnassier et ses costumes chics, Patrick Bateman correspond au profil type du jeune Yuppie des années Trump. Comme ses associés de la Chemical Bank,
il est d'une ambition sans scrupules. Comme ses amis, il rythme ses soirées-cocktails de pauses cocaïne.
À la seule différence que Patrick Bateman viole, torture et tue. La nuit, il dévoile sa double personnalité en agressant de simples passants, des clochards, voire un ami. Mais il ne ressent jamais rien. Juste une légère contrariété lorsque ses scénarios ne se déroulent pas exactement comme prévu...
C'est un roman pour le moins déroutant.
On est vraiment dans l'ambiance yuppie : culte de l'apparence, appartements ultra modernes, relations sociales superficielles. Le narrateur, Bateman, détaille tous les vêtements en citant les marques, sait reconnaître une marque de soins capillaires rien qu'à l'odeur. Avec ses "amis" les conversations tournent autour des restaurants, des vêtements, des filles, rien de transcendant.
En même temps Bateman est assez fascinant. Au début il semble en retrait, calme, mais plus le roman avance plus il se montre angoissé, névrosé, avec des pulsions meurtrières.
Et ces pulsions meurtrières, aouch, âme sensible s'abstenir. C'est d'une violence inouïe, les scènes de torture sont immondes. Si comme moi vous avez une forte capacité d'empathie évitez de lire ça en public, grimaces assurées. Pareil pour les scènes de sexe, c'est de la pornographie trash.
Le roman est intéressant pour le contexte social mais surtout pour ce qui se passe dans la tête de Bateman. Le mal derrière la gueule d'ange, le riche intégré, qui fréquente le beau monde et après sa soirée va dépecer un SDF. C'est quelque chose d'assez tabou, d'effrayant, et très audacieux de la part d'Ellis, qui a eu un gros souci d'image à la publication de ce roman.
Ce que j'ai aimé à la fin de la lecture c'est que j'ai eu besoin de poser le roman et de le reconsidérer depuis le début. Il y a des passages du livre qui reviennent et on comprend ce que ça impliquait réellement, signification inaccessible à la première lecture... mais alors... ? _________________ “Un livre n'est pas seulement un ami, il vous aide à en acquérir de nouveaux. Quand vous vous êtes nourri l'esprit et l'âme d'un livre, vous vous êtes enrichis. Mais vous l'êtes trois fois plus quand vous le transmettez ensuite à autrui.”
Inscrit le: 20 Nov 2011 Messages: 17 Localisation: Région parisienne
Posté le: Lun Nov 21, 2011 11:04 am Sujet du message:
Difficile de dire qu'on a aimé ou détesté ce livre ! Comment décrire ses sentiments ? Dégout, stupeur à des moments, mais aussi ennui, et il faut bien le dire aussi fascination pour le personnage si étrange ! Voilà mon avis quand je l'avais lu :
Vous pouvez lire les livres les plus insoutenables sur le viol, la guerre, la drogue... Tant que vous n'aurez pas lu "American Psycho" vous n'aurez pas été réellement choqué ! Alternant très longues scènes où son personnage s'habille, commence les restaurants branchés, les cravates Armani, les gens dans les fêtes... et courtes mais régulières (et surtout originales) scènes de tortures et des meurtres, Ellis vous montre l'insoutenable avec ce personnage haut en couleur (joué par l'excellent Christian Bale... mais le film est gentillet par rapport au livre). J'en suis sortie assez traumatisée et pourtant j'ai aimé... C'est très étrange et pas à la portée de tous aussi bien parce qu'il y a des passages très gores mais aussi parce que un chapitre entier détaillant des habits de haute couture ou un album ça peut lasser ! Mais bizarrement on s'attache à ce personnage complètement taré et inhumain qui met un billet dans le gobelet de café d'un étudiante à croupi par terre et engueule et tue un sdf parce qu'il n'a pas cherché de travail...
Je ne sais pas si j'ai réussi à résumer ce pavé, mais peut-être que "Moins que zéro" de Ellis est plus abordable. Je pense tout de même que c'est un auteur à connaître !
Je trouve la fin très intéressante par contre. Sans trop en raconter, je ne savais pas quoi en penser ensuite ! _________________
Franchement, cela m'a rappelé Sade : extrême dans l'horreur (et très ressemblant d'ailleurs), digressions philosophiques à la noix autour, et le même engouement morbide que j'ai du mal à comprendre.
...mais je dois dire que toute la mise en condition, soit la première partie du livre, est fascinante. Je peux comprendre que ces parties en lassent beaucoup, mais l'auteur réussit imbiber le lecteur de la compulsion matérialiste et totalitaire de son héros, ce qui ne peut que susciter l'admiration. _________________ En cours de lecture : Le Mythe de Sisyphe, d'Albert Camus
Inscrit le: 19 Mar 2018 Messages: 11 Localisation: St-rémy-lès-Chevreuse
Posté le: Ven Déc 31, 2021 1:11 pm Sujet du message:
Mais il y a une différence entre Brett Easton Ellis et Sade. Ellis n'a pas commis de crime contrairement à Sade qui était un être abject. Ellis décrit
une personne apparemment normale mais c'est un psychopathe. Ellis écrit sur le mal mais il n'aime pas ça. Sade aimait faire le mal.
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