Soleil* Super Nov-A
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Posté le: Jeu Aoû 20, 2020 9:28 pm Sujet du message: Millarca - Orlane Escoffier |
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Sous titre : Ou la véritable histoire de Carmilla
Qui n'a jamais entendu parler de Carmilla, héroïne du roman fantastique éponyme de Joseph Sheridan Le Fanu ? On la connaît comme une belle jeune femme accidentée recueillie par un gentilhomme anglais installé en Styrie, et qui a séduit la jeune fille de la maison. Laura s'est languie d'amour pour Carmilla, qui l'a tuée lentement, étant en fait un vampire.
Seulement voilà : les choses ne se sont pas réellement passées comme ça ! Deux siècles plus tard, Millarca décide de confier sa version des événements passés à Mona, qui travaille dans l'édition, pour que celle-ci publie un livre rétablissant la vérité.
Entre les interludes où Millarca et Mona discutent, la vampire relate sa vie de manière linéaire, de sa naissance à sa rencontre avec Laura, et jusqu'à nos jours.
Dans ce court roman, Orlane Escoffier nous propose une version alternative de l'histoire de Carmilla. On y découvre son enfance, marquée par une différence dérangeante et un isolement imposé, son coup de foudre réciproque pour Laura, bien moins naïve et plus entreprenante que l'originale, et les sombres secrets enfouis dans leur passé qui les liaient toutes deux.
L'ambiance sombre et oppressante provoque chez le lecteur le léger malaise caractéristique du fantastique à l'ancienne. Carmilla a une part de monstruosité certaine, même quand elle se croit encore ordinaire. Le roman ne tombe cependant pas dans le gore, malgré quelques scènes sanglantes inévitables au vu de la nature des personnages. L'accent est mis sur les émotions des personnages, qui évoluent au fil du récit et de leurs découvertes. C'est bien fait et agréable à lire.
Petit bémol cependant sur la non homogénéité du temps employé dans le texte. Le récit est fait principalement au passé, mais on trouve régulièrement des phrases au présent (bien que relatant les événements passés) entre deux phrases au passé. Je me suis demandé un moment si c'était un artifice intentionnel, qui aurait par exemple marqué une certaine emphase et appuyé sur certaines phrases. Comme je n'ai pas vu de logique à leur répartition, et que j'ai noté par ailleurs un emploi quasi systématique du futur là où c'est le conditionnel qui aurait convenu, je penche plutôt pour des erreurs involontaires dans l'usage des temps. Pour ma part, j'ai trouvé que cela cassait souvent le rythme du récit et c'est un peu dommage.
En dépit de cette légère maladresse, "Millarca" est une lecture plaisante et intéressante, qui plaira à tous les amateurs de vampires et de romans gothiques.
Chronique réalisée pour Les Chroniques de l'Imaginaire. _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu. |
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