Soleil* Super Nov-A
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Posté le: Mer Juin 26, 2019 8:09 pm Sujet du message: Negalyod - Vincent Perriot |
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Jarri Tchepalt est un berger solitaire, qui sait parler aux animaux. Inlassablement, accompagné de sa fidèle monture, il mène son grand troupeau de dinosaures à travers le désert. Il suit le vaste réseau d'aqueducs dont s'échappent parfois quelques coulées d'eau, ressource rare et précieuse qui permet la survie dans cet univers aride.
Après le massacre de tout son troupeau, il décide de se venger : il va se rendre à la ville pour demander des comptes aux puissants qui commanditent les opérations météo. Une fois introduit dans la station 3703, il découvre que la révolte gronde, attisée par le Grand Kam et sa fille Korienzé. Le prédicateur lutte contre le Réseau, une Intelligence Artificielle qui dirige impitoyablement ce qu'il reste de l'humanité. Il a un plan. Mais le Réseau le surveille...
Ce qui impressionne de prime abord avec cet album imposant (plus de deux cent pages !), ce sont les grandes planches saisissantes qui présentent les décors monumentaux d'un univers mi-rétro, mi-futuriste. Mise en page remarquable, compositions pleines de détails, vues vertigineuses en plongée et contre-plongée, Vincent Perriot maîtrise ses dessins de manière impressionnante.
Dans ce monde post-apocalyptique, l'eau est devenue une denrée vitale, autour de laquelle tout s'organise. Des villes gigantesques flottant dans le ciel, où vivent de rares élus, sont alimentées par de gigantesques pipelines. Ceux-ci amènent l'eau depuis des zones où sont déclenchées des pluies artificielles. Au pied des villes, des stations où l'humanité s'entasse et survit péniblement sous le joug d'invisibles puissances. Partout ailleurs, c'est le désert, sec et brûlant, avec de-ci de-là des carcasses de vaisseaux qui témoignent de récentes "guerres de rébellion", et que n'arpentent que de rares nomades. A ceci s'ajoutent des camions météo nucléaires conduits par des condamnés qui ne peuvent dévier de leur programmation, des avions à réaction et autres vaisseaux spatiaux formés de bois et de toile, des machines qui se régénèrent l'infini et des dinosaures en veux-tu en voilà (charge au lecteur d'imaginer comment ces bêtes en sont venues à prendre la place du bétail et des animaux utilitaires...). L'effet est saisissant. D'ailleurs, bien souvent, les dessins se suffisent à eux-mêmes et racontent l'histoire sans qu'il soit besoin de phylactère.
On sent l'influence de Moebius (effet d'autant accentué que Florence Breton l'a régulièrement mis en couleurs) ou d'autres œuvres clés, et j'ai lu pas mal de chroniques littéraires négatives sur ce point, mais personnellement je le ressens plus comme un hommage que comme un plagiat.
Si j'ai été bluffée par les dessins, j'ai trouvé le scénario plus convenu. Il y a de belles scènes d'action, mais dans l'ensemble les lieux communs s'enchaînent sans trop de surprise, dans un scénario qui semble parfois brouillon. La fin est un poil nébuleuse, tellement pleine de sous-entendus que je suis pas sûre d'avoir tout compris. Du coup, je suis un peu restée sur ma faim, j'aurais préféré une conclusion plus explicite. Ah oui, et peut-être ai-je lu trop vite, mais je crois que j'ai raté l'explication du titre de la BD, et cela me chiffonne aussi...
C'est une très belle BD, qui aura sa place dans toute bédéthèque digne de ce nom. _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu. |
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