Inscrit le: 12 Avr 2006 Messages: 5856 Localisation: deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin...
Posté le: Jeu Fév 22, 2018 5:23 pm Sujet du message: L'épée brisée - Poul Anderson
Imric, duc des elfes d'Angleterre, échange à la naissance l'enfant humain du seigneur Orm le Fort avec un changelin qu'il a conçu avec une trolle captive. En grandissant, les deux hommes vont garder une apparence identique, mais se révèleront fort différents : l'humain Skafloc est élevé comme un elfe, apprenant leur grâce et leur magie, et fait la joie de tous ses proches ; au contraire, le changelin Valgard est élevé parmi les hommes, privé des pouvoirs liés à son héritage métissé d'elfe et de troll, et devient violent et antipathique. Une sorcière voulant se venger d'Orm révèle la vérité sur ses origines à Valgard, encourageant la haine de celui-ci à l'encontre de sa famille adoptive et surtout de Skafloc, qui a profité de tout ce qui lui a été refusé.
Mais voilà que se ranime la guerre éternelle entre elfes et trolls. Les trolls ont réuni tous leurs alliés et surpassent largement les elfes en nombre. Un seule chose pourrait mettre les trolls en déroute : une puissante épée magique que les Ases ont offert à Skafloc comme cadeau de naissance, et qui assure la victoire à son porteur. L'épée est maudite : Elle doit boire le sang chaque fois qu'elle est tirée, et surtout elle finit invariablement par se retourner contre son propriétaire. L'épée est si maléfique qu'elle fut brisée par Thor en personne, pourtant le géant Bölverk qui l'a forgée peut la forger à nouveau. Dévasté par un puissant chagrin d'amour, Skafloc est déterminé à s'en servir pour vaincre les trolls...
Dans la préface, Michael Moorcock nous explique que ce livre, paru la même année (1954) que le premier volume du Seigneur des Anneaux, lui est infiniment supérieur. Lui-même, encore adolescent lorsqu'il l'a découvert, en a été durablement marqué. En tant que lecteur, on peur le constater dans ses œuvres : Stormbringer, l'épée runique maléfique de son héros Elric, est clairement inspirée de l'épée présentée ici. Pour lui, le roman de Poul Anderson gagne sur tous les tableaux face à l’œuvre de Tolkien, dont il juge le ton enfantin et les poèmes peu inspirés, je vous passe le reste.
Les lecteurs français n'auront guère eu l'occasion de comparer les deux, puisqu'avant cette édition récente, il n'existait pas de version française. Pour ma part, je ne suis pas sûre que L'épée brisée me laisse une impression aussi durable que Le Seigneur des Anneaux, mais à l'inverse de Moorcock c'est ce dernier que j'ai dévoré adolescente, alors que je ne découvre l'ouvrage d'Anderson que maintenant, ayant entre temps été usée par maintes histoires similaires.
Pour en terminer avec cette comparaison, les deux sont quand même foncièrement différents. Ils présentent une quête liée à un puissant artefact magique permettant de s'opposer à de terribles ennemis, sur fond de déclin de la magie. Pourtant, Le Seigneur des Anneaux est l'exemple type de la fantasy, avec un univers différent du nôtre, fourmillant de détails, riche de sa propre histoire, ses propres peuples. L'épée brisée par contre est à classer dans le fantastique : on est dans notre propre monde à l'âge des vikings, dans lequel les humains sont pour la plupart incapables de voir ce qui touche à la magie. Poul Anderson y mêle joyeusement la mythologie nordique (les Elfes et les Trolls, les Ases et les Jötunns), les dieux celtiques (les sidhes, les Tuatha dé Danann) et même le christianisme (le Dieu blanc qui fait peur à tous les autres), étalant son érudition sans finalement ajouter grand chose aux mythologies existantes, nous livrant un univers sans réelle profondeur.
D'une manière générale, Poul Anderson aime faire de longues listes (ce que Skafloc apprend enfant, les êtres qu'il rencontre, etc.), mais cela n'apporte pas grand chose au récit car cela est juste survolé. Ainsi, pourquoi nous lister le nom de tous les Tuatha dé Danann, alors que seul Manannan Mac Lir a un vrai rôle dans le récit ? De même, l'auteur nous expose à loisir la liste de toutes les aventures du héros dans le Jotunheim, mais sans nous gratifier du moindre détail, indiquant que cela pourrait donner lieu à d'autres récits. Au final, cela m'a empêché de rentrer dans le récit et de m'attacher à Skafloc et aux quelques personnages qui gravitent autour.
Probablement refroidie par la préface trop dithyrambique, je n'ai pas su réellement apprécier ce roman. C'est bien écrit, plutôt rythmé, et cela fait passer un bon moment, mais pas de quoi casser trois pattes à un canard. _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.
Inscrit le: 27 Juin 2011 Messages: 3327 Localisation: Great North
Posté le: Ven Fév 23, 2018 2:25 pm Sujet du message:
Ben pour ma Pomme, c'est un de mes préférés de ce qu'Anderson a produit en fantasy, à l'instar de Hrolf Kraki, une autre saga norroise qu'il a brillamment adaptée ou encore du Dernier chant des sirènes. _________________ "Tout est dans tout et réciproquement ."
Inscrit le: 10 Mai 2003 Messages: 1243 Localisation: Martigues en Provence
Posté le: Dim Fév 25, 2018 7:31 am Sujet du message:
Tiens!! je cherchais justement un titre sorti l'année de ma naissance pour un challenge SFFF sur Babelio et ma Médiathèque la, aussitôt vus et réservé _________________ "Sur les rayons des bibliothèques, je vis un monde surgir de l'horizon" (Jack London)
Maintenant je ne retarde rien Ne repousse ou ne conserve rien qui pourrait apporter de la joie et des rires à nos vies Je me dis que chaque jour est spécial
Chaque jour, chaque heure, chaque minute est spéciale
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