Psyché
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Posté le: Mer Sep 10, 2008 8:43 pm Sujet du message: [VO] Generation Loss - Elizabeth Hand |
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Présentation de l'éditeur : Citation: | Cass Neary made her name in the 1970s as a photographer embedded in the burgeoning punk movement in New York City. Her pictures of the musicians and hangers on, the infamous, the damned, and the dead, got her into art galleries and a book deal. But thirty years later she is adrift, on her way down, and almost out. Then an old acquaintance sends her on a mercy gig to interview a famously reclusive photographer who lives on an island in Maine. When she arrives Downeast, Cass stumbles across a decades-old mystery that is still claiming victims, and into one final shot at redemption. |
Porté en filigrane par la figure invisible de Patti Smith, Generation Loss est un thriller/roman noir/machin inclassable qui enfonce toutes les pâles histoires à la « Souviens-toi », « Tu m'appartiens », « Hey t'as vu comme je t'interpelle dans le titre et t'es déjà morte, girl » que l'on trouve trop souvent en tête de gondole au rayon polar.
Quand les personnages d'Elizabeth Hand, tous plus déchirés et fascinants les uns que les autres, disent « ICU », là il y a de quoi frémir. Ce livre est extra, et bien flippant. Un style élégant et percutant pour descendre au fond du gouffre, une intrigue qui vous accroche d'emblée et ne vous lâche plus, pas même le temps de semer quelques obsédants grains de réflexions sur la photo, l'art et la vie, et l'art de la self-destruction.
La fin est peut-être juste un brin prévisible, mais à ce stade du bouquin limite on s'en moque, tant on est plongé jusqu'au cou dans le monde qu'Elizabeth Hand évoque avec un talent bluffant. Le monde de Cass Neary, une photographe qui a connu son heure de gloire en pressentant la scène punk de New York, et n'a cessé de déchoir depuis. Qui a l'œil pour reconnaître d'instinct les personnes abîmées, une sorte de prescience qui la connecte étrangement au monde. Pour qui « bleak is beautiful » : elle y croit, elle le voit et le vit et le photographie – jusqu'à ce jour où, partie en reportage, elle devra regarder en face l'horreur et la beauté embrassées comme jamais elles ne l'ont été.
Un certain monde américain, celui du punk et du postpunk, de New York dans les seventies vs New York après le 11 septembre. Des îles du Maine, avec leurs communautés d'artistes sur le déclin cohabitant avec les locaux coincés là depuis des générations, avec leurs tristes faits divers, fugues de mômes attirés par l'éclat lointain des cités, cadavres de disparus retrouvés rongés par les bêtes. Elizabeth Hand fait œuvre d'une stupéfiante puissance d'évocation, de description, qu'elle parle de l'art, de ses personnages, d'un endroit, de la vie. Une plume brillante et alerte conjuguée à une thématique des plus sombres : l'alchimie opère à merveille, et il en sort une œuvre dangereuse, inclassable, hallucinante.
Un bouquin bien "alive & kicking", pour parler de ce qui meurt en nous et autour de nous.
Un coup de coeur pour moi, donc !
Le site d'Elizabeth Hand |
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