Posté le: Lun Fév 20, 2012 1:04 pm Sujet du message: Friedrich Nietzsche
J'avais entendu parler de ce philosophe dès la terminale et j'avais même dû faire une explication de texte d'un extrait d'Aurore. En hypokhâgne, on a reparlé un peu de ce philosophe et j'ai lu un peu Par-delà bien et mal. J'ai lu sinon l'an dernier en khâgne la première dissertation de La Généalogie de la morale que je relirai en entier sans doute car j'aime le style de ce penseur même si c'est difficile à comprendre. J'ai ces deux ouvrages respectivement en GF Flammarion et en Folio Essais. Je connais sinon des extraits de La Naissance de la tragédie que je lirai sans doute en entier à l'occasion ainsi que des extraits de Ainsi parlait Zarathoustra en particulier.
Nietzsche, c'est le philosophe que j'ai le plus lu. J'aime beaucoup. C'est sans doute l'un des plus littéraires d'ailleurs, toujours à user de métaphores (ce qui rend la compréhension parfois hasardeuse ; mais au moins ce n'est pas austère comme certains).
Ainsi Parlait Zarathoustra, c'est son grand classique, comme il le disait, les livres suivants, comme Par-delà le bien et le mal et la Généalogie de la Morale sont des approfondissements de sa recherche (passionnants aussi).
Un film comme 2001 l'Odyssée de l'Espace paraît beaucoup plus compréhensible si on a en tête Ainsi Parlait Zarathoustra. Et la Horde du Contrevent, pour prendre un roman récent, y puise également une part de sa philosophie.
Posté le: Mer Fév 22, 2012 1:07 am Sujet du message:
- L'être humain qui se surmonte sans cesse
- Volonté de puissance (qui se manifeste en l'occurrence par cette volonté d'atteindre coûte que coûte l'extrême amont)
- L'Eternel Retour
- les trois métamorphoses de l'esprit: chameau, lion, enfant (repris texto dans la Horde)
- Le cappizzano ascétique (le mec du duel contre Caracole)
ça te semble rien?
Damasio l'admet lui-même (il admet aussi l'influence de Deleuze, du reste).
Et il me semble que le terme "une part" de mon précédent message comporte ce qu'il faut de nuance.
Inscrit le: 04 Avr 2005 Messages: 6322 Localisation: Sud
Posté le: Mer Fév 22, 2012 8:35 am Sujet du message:
Ah je ne l'avais pas remarqué (je remarque rarement les influences, en fait), mais maintenant que tu le dis... Et je plussoie sur la splendeur lyrique du style de Nietzsche. J'avais beaucoup aimé La naissance de la tragédie, quand je l'avais lu, il y a fort longtemps. Presque plus que Zarathoustra. _________________ Même le soleil se couche.
Inscrit le: 23 Nov 2010 Messages: 1049 Localisation: Lille
Posté le: Ven Avr 20, 2012 6:24 pm Sujet du message:
Je n'ai lu que La naissance de la tragédie, et même si les thèmes me dépassaient un peu, j'avais bien accroché à l'écriture.
Récemment j'ai lu la BD de Maximilien Le Roy Nietzsche, qui est une biographie du philosophe, et je l'ai trouvée bien faite et très éclairante. _________________ “Un livre n'est pas seulement un ami, il vous aide à en acquérir de nouveaux. Quand vous vous êtes nourri l'esprit et l'âme d'un livre, vous vous êtes enrichis. Mais vous l'êtes trois fois plus quand vous le transmettez ensuite à autrui.”
Inscrit le: 25 Mai 2012 Messages: 7 Localisation: Sur mon Olympe personnelle...
Posté le: Ven Mai 25, 2012 8:32 pm Sujet du message:
J'ai un peu parcouru Zarathoustra et Par delà bien et mal (j'ai du mal à finir un bouquin de philo, qui pour moi ne relève pas de la compréhension mais ressemble beaucoup plus à un support de réflexion). Ce que je trouve admirable dans l'écriture de Nietzsche, c'est sa manière de lancer des phrases qui transpercent et qui veulent absolument atteindre en un éclair la profondeur et la fugacité de l'être humain.
Ce qui m'a le plus subjugué pour l'instant, c'est son analyse de la naissance de la chrétienté : le retournement des valeurs divines traditionnelles qui, sous l'influence du peuple juif alors esclave, mettent Dieu sur Terre pour le clouer sur la croix. En deux phrases il éclaircit la naissance du catholicisme que c'en est fulgurant. _________________ http://foudre-olympienne.blogspot.fr/
Posté le: Jeu Juil 19, 2012 10:23 am Sujet du message:
Il faut mettre en parallèle la force spirituelle de Nietzsche avec ses douleurs physiques perpétuelles.
Lorsqu’on sait qu’il a fini sa vie dans un état végétatif certains passages deviennent émouvants :
« Le malade est un parasite de la Société. Arrivé à un certain état il est inconvenant de vivre plus longtemps. L’obstination à végéter lâchement, esclave des médecins et des pratiques médicales, après que l’on a perdu le sens de la vie, le droit à la vie, devrait entraîner, de la part de la Société, un mépris profond. Les médecins, de leur côté, seraient chargés d’être les intermédiaires de ce mépris, — ils ne feraient plus d’ordonnances, mais apporteraient chaque jour à leurs malades une nouvelle dose de dégoût... Créer une nouvelle responsabilité, celle du médecin, pour tous les cas où le plus haut intérêt de la vie, de la vie ascendante, exige que l’on écarte et que l’on refoule sans pitié la vie dégénérescente — par exemple en faveur du droit de vivre... Mourir fièrement lorsqu’il n’est plus possible de vivre fièrement. La mort choisie librement, la mort en temps voulu, avec lucidité et d’un cœur joyeux, accomplie au milieu d’enfants et de témoins, alors qu’un adieu réel est encore possible, alors que celui qui nous quitte existe encore et qu’il est véritablement capable d’évaluer ce qu’il a voulu, ce qu’il a atteint, de récapituler sa vie. »
Voici aussi un extrait du livre de Stefan Zweig « Le combat avec le démon » qui parle entre autres de la vie de Nietzsche :
« Nietzsche, au contraire, fait irruption dans la philosophie allemande comme les flibustiers à la fin du XVIe siècle faisaient leur apparition dans l’empire espagnol - un essaim de desperados sauvages, téméraires, sans frein, sans nation, sans souverain, sans roi, sans drapeaux, sans foyer ni domicile. Comme eux, il ne conquiert rien pour lui ni pour personne après lui, ni pour un Dieu, ni pour un roi, ni pour une foi, mais uniquement pour la joie de la conquête, car il ne veut rien posséder, rien acquérir, rien conquérir. Il ne conclut pas de traité, et ne bâtît pas de maison ; il dédaigne les lois de la guerre établies par les philosophes et il ne cherche pas de disciple ; lui, le passionné trouble-fête de tout "repos brun", de tout établissement confortable, désire uniquement piller, détruire l’ordre de la propriété, la paix assurée et jouisseuse des hommes ; il désire uniquement propager par le fer et le feu cette vivacité de l’esprit toujours en éveil qui lui est aussi précieuse que le sommeil morne et terne l’est aux amis de la paix. Il surgit audacieusement, renverse les forteresses de la morale, les palissades de la loi ; il ne fait jamais quartier à personne, aucune excommunication venue de l’Église ou de la Couronne ne l’arrête. Derrière lui, comme après l’incursion des flibustiers, on trouve des églises violées, des sanctuaires millénaires profanés, des autels écroulés, des sentiments insultés, des convictions assassinées, des bercails moraux mis à sac, un horizon d’incendie, un monstrueux fanal de hardiesse et de force. Mais il ne se retourne jamais, ni pour jouir de ce qu’il a acquis, ni pour en faire sa propriété : l’inconnu, ce qui n’a jamais été encore ni conquis ni exploré, est sa zone infinie ; son unique plaisir, c’est d’exercer sa force, de "troubler les endormis".»
Le « Docteur Faustus » de Thomas Mann constitue une image de la vie de Nietzsche : un homme qui pactise avec le diable et qui troque une vie longue et tranquille avec une vie éphémère marquée par le génie. _________________ Que celui qui n'a pas traversé ne se moque pas de celui qui s'est noyé.
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