clarabelle
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Posté le: Dim Mai 30, 2004 5:57 pm Sujet du message: L'homme au bout du rouleau - Gilles Perrault |
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L'envers du décor (et de la médaille)Beaucoup moins passionnant que le premier volet de la trilogie commencée avec "Le garçon aux yeux gris", "L'homme au bout du rouleau" n'offre pas cette même stupéfaction et cette écriture voluptueuse. "L'homme au bout du rouleau" c'est Henri, résistant communiste. Comme l'indique le titre, Henri est un homme fatigué, usé et malade du coeur. Le médecin lui a recommandé de se ménager, mais en 1943, à la veille de la victoire de la bataille de Stalingrad, les camarades communistes ne chôment pas. Qu'ils soient en France, ou ailleurs... De leur petit coin, Henri et son groupe sont menacés d'être démantelés et dénoncés. De plus en plus de compagnons sont arrêtés, torturés, beaucoup parle, leurs jours sont comptés... Henri et sa compagne Renée se sont enfuis de Paris pour se réfugier dans une maison de campagne (là où précédemment Florence, héroïne du "garçon aux yeux gris", avait connu quelques heures sulfureuses...). Mais ils ne sont pas seuls, ils ont avec eux une jeune fille, Astrid, suspectée d'avoir dénoncé le réseau à la police française et collaboratrice. Avant de la tuer, ils veulent lui poser plusieurs questions. Mais les réponses vont déconcerter le couple d'Henri et Renée et catapulter des événements imprévus.Gilles Perrault a cette manie de raconter son histoire, façon grivoise ou légende du terroir. Où l'on prend sa bicyclette pour boire son Viandox au bistro du village, prendre les nouvelles du bourg et rencontrer un curé pas très catholique... mais bon. L'histoire de Gilles Perrault se dénoue délicatement, l'auteur prend son temps pour tout révéler. Pourtant son roman est court mais l'essentiel est condensé en ces quelques 120 pages, où l'on semble avoir griffonné des lignes pour dire vite et bien quelques jours de la vie d'un homme. "L'homme au bout du rouleau" s'attarde aussi sur ces combattants communistes, sur ce que leur implication exigeait d'eux au sein du Mouvement. Gilles Perrault dit toutes ces choses à la fois d'une manière détachée et attachante. En fermant le livre, on regrette de quitter à nouveau cette grande maison bourgeoise, théâtre d'élans du coeur de tout ordre, et on souhaite très vite y pénétrer à nouveau avec "La jeune femme triste" (le troisième épisode).Fayard, 123 pages, 12 euro. Ce bel et troublant adolescent "Même le physique du garçon la mettait mal à l'aise. Il n'était pas exactement laid. Une tête intéressante, les pommettes hautes, la bouche bien ourlée, la peau appétissante, dorée comme un pain et, sous sa défroque, on devinait une silhouette déliée. Quelque chose n'allait pas. Voilà : à seize ans, il n'avait pas l'air d'un adolescent..."
Elle a trente et un ans, deux jeunes enfants avec lesquels elle s'est jetée dans la grande pagaille de l'exode de juin 1940. Arrachée au monde douillet de la bourgeoisie parisienne, elle se retrouve sous les balles des stukas.
La rencontre avec le garçon aux yeux gris va ouvrir une étrange parenthèse dans le tumulte de la guerre. Et quelle parenthèse ! Gilles Perrault a écrit un très court roman où la naissance de la sensualité et de la passion progressivement dévorante va enflammer les sens des habitants de cette grande maison inhabitée. Florence, la jeune bourgeoise mère de deux enfants, prend la fuite comme tous les français en 1940. Sur la route elle rencontre cet énigmatique adolescent au regard incandescent. Tous les quatre trouveront refuge dans une maison abandonnée. Le garçon est mystérieux, troublant mais c'est une aide précieuse pour la jeune femme... Jusqu'à cette attirance incontrôlable, implacable...
Merveilleux ! Ce roman est une pépite à lire absolument. Il vous plaque dans votre sofa jusqu'à la fin.
Pour information, André Téchiné en a tiré un film avec Emmanuelle Béart ("Les égarés"). Fayard, 133 pages, 11.45 euro.
Existe en Livre de Poche.Clarabelle, |
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