Outremer
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Posté le: Dim Aoû 31, 2008 3:30 pm Sujet du message: Les villes invisibles - Italo Calvino |
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Les villes invisibles est une oeuvre assez difficile à définir. Ce n'est certes pas un roman. Ca se rapproche un peu d'un recueil d'histoires très courtes qui seraient liées entre elles... avec ce détail que les "histoires" n'ont pas de scénario et sont purement descriptives.
Le livre peut clairement être divisé en deux éléments :
1) La description des "villes invisibles", près d'une soixantaine de cités imaginaires ; certaines des descriptions tiennent sur une seule page, les plus longues vont jusqu'à deux pages et demie ;
2) Les conversations entre Marco Polo et Kublai Khan encadrent ces descriptions, les regroupant en ce qu'on pourrait plus ou moins qualifier de chapitres.
Personnellement, j'ai trouvé le premier élément beaucoup plus captivant que le deuxième. Les échanges entre Marco Polo et le Khan ne sont pas dépourvus d'intérêt, mais ils apparaissent tout de même très secondaires. Ils structurent l'ensemble parce que les descriptions de cités sont censées être racontées à Kublai Khan par Marco Polo (ce qui n'empêche pas certaines villes d'avoir des aéroports et autres choses du genre).
Les cités portent chacune un nom de femme (quelquefois assez courant, mais plus souvent dans le genre de Sophronia ou d'Ersilie). Leur description purement physique est souvent limitée à quelques éléments évocateurs, à partir desquels le lecteur peut échafauder le reste. Les villes se définissent avant tout par leurs particularités fantaisistes et les effets qu'elles ont sur les gens qui y passent ou qui y habitent (et souvent sur la structure même de la ville). Par exemple, en sortant de l'aéroport de Trude, le voyageur découvre une ville qui ressemble très exactement à celle dont il vient. Andria est une cité en parfait accord avec l'harmonie céleste. Les sous-sols d'Eusapie comprennent une réplique exacte de la ville, où demeurent les défunts. Et beaucoup d'autres idées qu'on ne peut apprécier à leur juste valeur qu'en lisant le livre.
Calvino utilise ces cités imaginaires pour souligner certains aspects des villes réelles et de la vie en communauté qui s'y déroule. Les thèmes de la représentation, du souvenir et des possibilités sont souvent présents, tout comme ceux de la structure, des réseaux et des échanges.
Les "villes invisibles" sont donc une représentation fantaisiste et exacerbée des nombreux aspects des villes réelles. Mais on peut également les apprécier pour l'effet qu'elles exercent sur l'imagination. Le style de Calvino est d'une très belle sobriété, qui suggère plutôt que de détailler et incite facilement à la rêverie. Ce qui ne signifie pas qu'on voudrait vivre dans toutes les villes qu'il décrit !
Si j'avais le choix et la possibilité, je crois que j'aimerais habiter à Isaura, Zénobie, Armille, Octavie, Sméraldine ou Andria. |
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