Posté le: Jeu Oct 09, 2003 10:20 am Sujet du message: Poèmes - Victor Hugo
Demain, dès l'aube...
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
et aussi : Les Djinns
Murs, ville
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise
Tout dort.Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit.La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.La rumeur approche,
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit,
Comme un bruit de foule
Qui tonne et qui roule
Et tantôt s'écroule
Et tantôt grandit.Dieu! La voix sépulcrale
Des Djinns!... - Quel bruit ils font!
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond!
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe..
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant.
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.Ils sont tout près! - Tenons fermée
Cette salle ou nous les narguons
Quel bruit dehors! Hideuse armée
De vampires et de dragons!
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée,
Tremble, à déraciner ses gonds.Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure!
L'horrible essaim, poussé par l'aquillon,
Sans doute, o ciel! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon!Prophète! Si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs!
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs!Ils sont passés! - Leur cohorte
S'envole et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés!De leurs ailes lointaines
Le battement décroît.
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.D'étranges syllabes
Nous viennent encor.
Ainsi, des Arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leur pas;
Leur essaim gronde;
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord;
C'est la plainte
Presque éteinte
D'une sainte
Pour un mort.On doute
La nuit...
J'écoute: -
Tout fuit,
Tout passe;
L'espace
Efface
Le bruit.
Victor Hugo
Inscrit le: 10 Mai 2003 Messages: 266 Localisation: Paris
Posté le: Ven Oct 10, 2003 1:39 am Sujet du message:
(yaz qui a d'abord répondu au Topic des Fleurs du mal)Ouiiiiiiii...les Djinns, j'aime aussi beaucoup celui là... (voilà, c'était juste pour dire... ) _________________ Yaz-Serial reader
Posté le: Ven Oct 10, 2003 10:13 am Sujet du message:
pour yaz (c'est celui là ?)
Où vont tous ces enfants ...
...
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu: - Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes !
Ô servitude infâme imposée à l'enfant !
Rachitisme ! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu'a fait Dieu ; qui tue, oeuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les coeurs la pensée,
Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain ! -
D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil !
Progrès dont on demande : Où va-t-il ? que veut-il ?
Qui brise la jeunesse en fleur ! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l'homme !
Que ce travail, haï des mères, soit maudit !
Maudit comme le vice où l'on s'abâtardit,
Maudit comme l'opprobre et comme le blasphème !
Ô Dieu ! qu'il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux
Victor Hugo
Inscrit le: 10 Mai 2003 Messages: 266 Localisation: Paris
Posté le: Ven Oct 10, 2003 11:31 pm Sujet du message:
oui, c'est c'ui là...franchement, n'est t'il pas magnifique..?Je me suis souvenu du titre dans la journée: c'est Mélancolia..*soupir* à chaque lecture, il me fait le même effet, c'est dingue! _________________ Yaz-Serial reader
Inscrit le: 10 Mai 2003 Messages: 266 Localisation: Paris
Posté le: Dim Oct 12, 2003 1:18 am Sujet du message:
ouaip..c'est le mois que l'on puisse dire.. Hugo a ecrit ce poême très dur pour faire réagir une société qui tolérait l'exploitation des enfants..Il est effarant de constater qu'il est toujours d'actualité, même s'il ne concerne pas nos latitudes!aaah...décidemment, d'adore Hugo... _________________ Yaz-Serial reader
Inscrit le: 07 Jan 2006 Messages: 223 Localisation: sur mon fil, la tête dans les nuages
Posté le: Lun Jan 09, 2006 3:27 pm Sujet du message:
Hugo le poète, une véritable institution!
Je n'ai lu que Les Châtiments, et quelques poèmes vus en cours (dont le sublime Demain dès l'Aube), mais j'ai la ferme intention de ne pas m'arrêter là! Les poèmes qui m'ont marqué dans le recueil des Châtiments, c'est Souvenir de la nuit du 4 (je vais le mettre sur le forum, mais une autre fois, là, je dois y aller!), les Caves de Lille, et les autres, je ne sais plus le titre. Ah si, il y avait Lux aussi dans le lot. _________________ "It is the spectator, and not life, that art really mirrors"
Oscar Wilde
Inscrit le: 12 Avr 2006 Messages: 5856 Localisation: deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin...
Posté le: Mar Avr 18, 2006 6:58 pm Sujet du message:
Je n'ai lu Hugo que dans un cadre scolaire, mais c'est un des rares poètes que j'apprécie (j'ai généralement du mal avec les longues tirades en vers).Mon préféré : L'expiation, dans les Chatiments.
Mon frère l'a eu longtemps affiché dans ses WC, j'en relisais un bout à chaque fois...
Il neigeait. On était vaincu par sa conquête.
Pour la première fois l'aigle baissait la tête.
Sombres jours ! l'empereur revenait lentement,
Laissant derrière lui brûler Moscou fumant.
Il neigeait. L'âpre hiver fondait en avalanche.
Après la plaine blanche une autre plaine blanche.
On ne connaissait plus les chefs ni le drapeau.
Hier la grande armée, et maintenant troupeau.
On ne distinguait plus les ailes ni le centre.
Il neigeait. Les blessés s'abritaient dans le ventre
Des chevaux morts ; au seuil des bivouacs désolés
On voyait des clairons à leur poste gelés,
Restés debout, en selle et muets, blancs de givre,
Collant leur bouche en pierre aux trompettes de cuivre.
Boulets, mitraille, obus, mêlés aux flocons blancs,
Pleuvaient ; les grenadiers, surpris d'être tremblants,
Marchaient pensifs, la glace à leur moustache grise.
Il neigeait, il neigeait toujours ! La froide bise
Sifflait ; sur le verglas, dans des lieux inconnus,
On n'avait pas de pain et l'on allait pieds nus.
Ce n'étaient plus des coeurs vivants, des gens de guerre :
C'était un rêve errant dans la brume, un mystère,
Une procession d'ombres sous le ciel noir.
La solitude vaste, épouvantable à voir,
Partout apparaissait, muette vengeresse.
Le ciel faisait sans bruit avec la neige épaisse
Pour cette immense armée un immense linceul.
Et chacun se sentant mourir, on était seul.
- Sortira-t-on jamais de ce funeste empire ?
Deux ennemis ! le czar, le nord. Le nord est pire.
On jetait les canons pour brûler les affûts.
Qui se couchait, mourait. Groupe morne et confus,
Ils fuyaient ; le désert dévorait le cortège.
On pouvait, à des plis qui soulevaient la neige,
Voir que des régiments s'étaient endormis là.
O chutes d'Annibal ! lendemains d'Attila !
Fuyards, blessés, mourants, caissons, brancards, civières,
On s'écrasait aux ponts pour passer les rivières,
On s'endormait dix mille, on se réveillait cent.
Ney, que suivait naguère une armée, à présent
S'évadait, disputant sa montre à trois cosaques.
Toutes les nuits, qui vive ! alerte, assauts ! attaques !
Ces fantômes prenaient leur fusil, et sur eux
Ils voyaient se ruer, effrayants, ténébreux,
Avec des cris pareils aux voix des vautours chauves,
D'horribles escadrons, tourbillons d'hommes fauves.
Toute une armée ainsi dans la nuit se perdait.
Posté le: Jeu Sep 28, 2006 6:37 pm Sujet du message:
Le poème qui m'a touché, pour ma part, serait plutôt "Souvenir de la nuit du 4". De plus il l'a vraiment vécu, je crois. Remarquez c'est l'un des seuls que je connais de Victor Hugo, donc comment savoir si c'est mon préféré ? En tout cas, ça m'a touchée :
L'enfant avait reçu deux balles dans la tête.
Le logis était propre, humble, paisible, honnête ;
On voyait un rameau bénit sur un portrait.
Une vieille grand-mère était là qui pleurait.
Nous le déshabillions en silence. Sa bouche,
Pâle, s'ouvrait ; la mort noyait son œil farouche ;
Ses bras pendants semblaient demander des appuis.
Il avait dans sa poche une toupie en buis.
On pouvait mettre un doigt dans les trous de ses plaies.
Avez-vous vu saigner la mûre dans les haies ?
Son crâne était ouvert comme un bois qui se fend.
L'aïeule regarda déshabiller l'enfant,
Disant : - Comme il est blanc ! approchez donc la lampe.
Dieu ! ses pauvres cheveux sont collés sur sa tempe !
Et quand se fut fini, le prit sur ses genoux.
La nuit était lugubre ; on entendait des coups
De fusil dans la rue où l'on en tuait d'autres.
- Il faut ensevelir l'enfant, dirent les nôtres.
Et l'on prit un drap blanc dans l'armoire en noyer.
L'aïeule cependant l'approchait du foyer
Comme pour réchauffer ses membres déjà roides
Hélas ! ce que la mort touche de ses mains froides
Ne se réchauffe plus aux foyers d'ici-bas !
Elle pencha la tête et lui tira ses bas,
Et dans ses vieilles mains prit les pieds du cadavre.
- Est-ce que ce n'est pas une chose qui navre !
Cria-t-elle ! monsieur, il n'avait que huit ans !
Ses maîtres, il allait en classe, étaient contents.
Monsieur, quand il fallait que je fisse une lettre,
C'est lui qui l'écrivait. Est-ce qu'on va se mettre
A tuer les enfants maintenant ? Ah mon Dieu !
On est donc des brigands ! Je vous demande un peu,
Il jouait ce matin, là, devant la fenêtre !
Dire qu'ils m'ont tué ce pauvre petit être !
Il passait dans la rue, ils ont tiré dessus.
Monsieur, il était bon et doux comme un Jésus.
Moi je suis vieille, il est tout simple que je parte ;
Cela n'aurait rien fait à Monsieur Bonaparte
De me tuer au lieu de tuer mon enfant ! -
Elle s'interrompit, les sanglots l'étouffant,
Puis elle dit, et tous pleuraient près de l'aïeule :
- Que vais-je devenir à présent toute seule ?
Expliquez-moi cela, vous autres, aujourd'hui.
Hélas ! je n'avais plus de sa mère que lui.
Pourquoi l'a-t-on tué ? je veux qu'on me l'explique.
L'enfant n'a pas crié vive la République. -
Nous nous taisions, debout et graves, chapeau bas,
Tremblant devant ce deuil qu'on ne console pas.
Vous ne compreniez point, la politique.
Monsieur Napoléon, c'est son nom authentique,
Est pauvre et même prince ; il aime les palais ;
Il lui convient d'avoir des chevaux, des valets,
De l'argent pour son jeu, sa table, son alcôve,
Ses chasses ; par la même occasion, il sauve
La famille, l'église et la société ;
Il veut avoir Saint-Cloud, plein de roses l'été,
Où viendront l'adorer les préfets et les maires ;
C'est pour cela qu'il faut que les vieilles grand'mères,
De leurs pauvres doigts gris que fait trembler le temps,
Cousent dans le linceul des enfants de sept ans.
Posté le: Jeu Sep 28, 2006 8:39 pm Sujet du message:
Oralixe a écrit:
Le poème qui m'a touché, pour ma part, serait plutôt "Souvenir de la nuit du 4". De plus il l'a vraiment vécu, je crois.
Ce poème m'avait également beaucoup marquée, et il m'émeut toujours autant... Pour ce qui est du vécu, il me semble qu'il en parle dans Histoire d'un crime, il faudrait vérifier
Posté le: Sam Sep 30, 2006 9:47 pm Sujet du message:
je ne sais pas. Oui, faudra vérifier. Mais je crois qu'il l'a vraiment vécu, j'ai du lire ça quelque part.
Sinon, y'a l'Echafaud...
C'était fini. Splendide, étincelant, superbe,
Luisant sur la cité comme la faulx sur l'herbe,
Large acier dont le jour faisait une clarté,
Ayant je ne sais quoi dans sa tranquillité
De l'éblouissement du triangle mystique,
Pareil à la lueur au fond d'un temple antique,
Le fatal couperet relevé triomphait.
Il n'avait rien gardé de ce qu'il avait fait
Qu'une petite tache imperceptible et rouge.
Le bourreau s'en était retourné dans son bouge ;
Et la peine de mort, remmenant ses valets,
Juges, prêtres, était rentrée en son palais,
Avec son tombereau terrible dont la roue,
Silencieuse, laisse un sillon dans la boue
Qui se remplit de sang sitôt qu'elle a passé.
La foule disait : bien ! car l'homme est insensé,
Et ceux qui suivent tout, et dont c'est la manière,
Suivent même ce char et même cette ornière.
J'étais là. Je pensais. Le couchant empourprait
Le grave Hôtel de Ville aux luttes toujours prêt,
Entre Hier qu'il médite et Demain dont il rêve.
L'échafaud achevait, resté seul sur la Grève,
Sa journée, en voyant expirer le soleil.
Le crépuscule vint, aux fantômes pareil.
Et j'étais toujours là, je regardais la hache,
La nuit, la ville immense et la petite tache.
A mesure qu'au fond du firmament obscur
L'obscurité croissait comme un effrayant mur,
L'échafaud, bloc hideux de charpentes funèbres,
S'emplissait de noirceur et devenait ténèbres ;
Les horloges sonnaient, non l'heure, mais le glas ;
Et toujours, sur l'acier, quoique le coutelas
Ne fût plus qu'une forme épouvantable et sombre,
La rougeur de la tache apparaissait dans l'ombre.
Un astre, le premier qu'on aperçoit le soir,
Pendant que je songeais, montait dans le ciel noir.
Sa lumière rendait l'échafaud plus difforme.
L'astre se répétait dans le triangle énorme ;
Il y jetait ainsi qu'en un lac son reflet,
Lueur mystérieuse et sacrée ; il semblait
Que sur la hache horrible, aux meurtres coutumière,
L'astre laissait tomber sa larme de lumière.
Son rayon, comme un dard qui heurte et rebondit,
Frappait le fer d'un choc lumineux ; on eût dit
Qu'on voyait rejaillir l'étoile de la hache.
Comme un charbon tombant qui d'un feu se détache ;
Il se répercutait dans ce miroir d'effroi ;
Sur la justice humaine et sur l'humaine loi
De l'éternité calme auguste éclaboussure.
" Est-ce au ciel que ce fer a fait une blessure ?
Pensai-je. Sur qui donc frappe l'homme hagard ?
Quel est donc ton mystère, ô glaive ? " Et mon regard
Errait, ne voyant plus rien qu'à travers un voile,
De la goutte de sang à la goutte d'étoile.
Inscrit le: 07 Jan 2006 Messages: 223 Localisation: sur mon fil, la tête dans les nuages
Posté le: Ven Oct 06, 2006 11:48 am Sujet du message:
Ah Souvenir de la Nuit du 4, c'était mon oral de français ça! (J'étais bien contente de tomber sur celui là d'ailleurs)
Je vous mets Demain dès l'Aube, celui là sort du registre "Poète engagé";
Demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne
Je partirai. Vois tu je sais que tu m'attends
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées
Et le jour pour moi sera comme la nuit
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur
Et quand j'arriverai je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. _________________ "It is the spectator, and not life, that art really mirrors"
Oscar Wilde
Posté le: Sam Nov 11, 2006 10:56 pm Sujet du message: voici mon préféré!!
Oh! quand je dors!
Oh ! quand je dors...
Oh ! quand je dors, viens auprès de ma couche,
Comme à Pétrarque apparaissait Laura,
Et qu'en passant ton haleine me touche... -
Soudain ma bouche
S'entr'ouvrira !
Sur mon front morne où peut-être s'achève
Un songe noir qui trop longtemps dura,
Que ton regard comme un astre se lève... -
Soudain mon rêve
Rayonnera !
Puis sur ma lèvre où voltige une flamme,
Eclair d'amour que Dieu même épura,
Pose un baiser, et d'ange deviens femme... -
Soudain mon âme
S'éveillera ! _________________ un livre c'est un ami!
Inscrit le: 22 Oct 2006 Messages: 50 Localisation: Belgique
Posté le: Dim Nov 12, 2006 1:24 pm Sujet du message:
Quand deux coeurs en s'aimant ont doucement vieilli
Quand deux coeurs en s'aimant ont doucement vieilli
Oh ! quel bonheur profond, intime, recueilli !
Amour ! hymen d'en haut ! ô pur lien des âmes !
Il garde ses rayons même en perdant ses flammes.
Ces deux coeurs qu'il a pris jadis n'en font plus qu'un.
Il fait, des souvenirs de leur passé commun,
L'impossibilité de vivre l'un sans l'autre.
- Chérie, n'est-ce pas ? cette vie est la nôtre !
Il a la paix du soir avec l'éclat du jour,
Et devient l'amitié tout en restant l'amour !
Inscrit le: 22 Oct 2006 Messages: 50 Localisation: Belgique
Posté le: Dim Nov 12, 2006 1:26 pm Sujet du message:
Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine
Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine ;
Puisque j'ai dans tes mains posé mon front pâli ;
Puisque j'ai respiré parfois la douce haleine
De ton âme, parfum dans l'ombre enseveli ;
Puisqu'il me fut donné de t'entendre me dire
Les mots où se répand le coeur mystérieux ;
Puisque j'ai vu pleurer, puisque j'ai vu sourire
Ta bouche sur ma bouche et tes yeux sur mes yeux ;
Puisque j'ai vu briller sur ma tête ravie
Un rayon de ton astre, hélas ! voilé toujours ;
Puisque j'ai vu tomber dans l'onde de ma vie
Une feuille de rose arrachée à tes jours ;
Je puis maintenant dire aux rapides années :
- Passez ! passez toujours ! je n'ai plus à vieillir !
Allez-vous-en avec vos fleurs toutes fanées ;
J'ai dans l'âme une fleur que nul ne peut cueillir !
Votre aile en le heurtant ne fera rien répandre
Du vase où je m'abreuve et que j'ai bien rempli.
Mon âme a plus de feu que vous n'avez de cendre !
Mon coeur a plus d'amour que vous n'avez d'oubli !
Posté le: Dim Nov 12, 2006 4:06 pm Sujet du message:
ouah! quels superbes ajouts! merci de nous avoir fait connaître un peu mieux ce grand poète!!!!! Merci Hedwige, pour ce très beau choix!! _________________ un livre c'est un ami!
Posté le: Dim Nov 12, 2006 4:07 pm Sujet du message:
De mémoire :
Chantez, chantez, jeune inspirée
La femme qui chante est sacrée
Même aux jaloux, même aux pervers,
La femme qui chante est bénie
Sa beauté défend son génie
Les beaux yeux sauvent les beaux vers. _________________ En cours de lecture : Le Mythe de Sisyphe, d'Albert Camus
Inscrit le: 26 Avr 2007 Messages: 840 Localisation: France
Posté le: Ven Avr 27, 2007 3:16 am Sujet du message:
Ce que j'admire chez Hugo, c'est qu'il est aussi bon sur le fond (c'est un auteur engagé, qui porte sur son époque un regard moderne et progressiste) que sur la forme (son style est sans pareil). J'aime beaucoup le poème "Les Djinns", où la longueur des vers va croissant puis décroissant. "Le Pas d'Arme du Roi Jean" est une autre prouesse stylistique, puisque ce poème est entièrement fait de vers de... trois syllabes !
Voici le début :
Ca, qu'on selle,
Ecuyers,
Mon fidèle
Destrier.
Mon coeur ploie
Sous la joie
Quand je broie
L'étrier.
Par Saint-Gilles,
Viens-nous-en,
Mon agile
Alezan.
Viens, Ecoute,
Par la route,
Voir la joute
Du roi Jean.
[...]
Nous qui sommes,
De par Dieu,
Gentilshommes
De haut lieu,
Il faut faire
Bruit sur Terre
Et la guerre
N'est qu'un jeu
Et la fin :
Ca mon frère,
Là rentrons
Dans notre aire
De baron.
Va plus vite,
Car au gîte
Qui t'invite
Trouverons :
Toi l'avoine
Du matin,
Moi le moine
Augustin,
Ce saint homme
Suivant Rome
Qui m'assomme
De latin.
Et rédige
En romain
Tout prodige
De ma main,
Qu'à ma charge
Il émarge
Sur le large
Parchemin.
Le vrai sire
Châtelain
Laisse écrire
Le villain,
Sa main digne
Quand il signe
Egratigne
Le vélin.
Inscrit le: 12 Avr 2006 Messages: 5856 Localisation: deuxième étoile à droite et tout droit jusqu'au matin...
Posté le: Ven Avr 27, 2007 9:15 am Sujet du message:
Prouesse stylistique peut-être, mais je trouve ce poème excessivement difficile à lire, à cause de ses vers courts justement ! _________________ Il s’évanouit tout doucement à commencer par le bout de la queue,
et finissant par sa grimace qui demeura quelque temps après que le reste fut disparu.
Inscrit le: 26 Avr 2007 Messages: 44 Localisation: dans le monde des Mages
Posté le: Ven Mai 04, 2007 4:44 pm Sujet du message:
Les poèmes d'Hugo...
Je sais que certaines amateurs de poésie se sont lassées de ce "classicisme", mais ce n'est pas mon cas (ce qui ne m'empêche pas d'apprécier d'autre formes de poésie )
La poésie étant un rythme et une musique, celle d'Hugo est un équilibre impressionnant entre la technique et l'émotion.
à Soleil, je dirais que "Le Pas du Roi Jean" gagne a être lu à haute voix (comme souvent en posésie ) Tu vois alors que la construction est effectivement un bel exercice stylistique, mais qu'il ne nuit en rien à la musicalité, bien au contraire. (enfin, c'est, naturellement, un avis personnel
Victor Hugo a beaucoup écrit sur l'enfance, et j'ajouterai un poème, connu également, mais qui me touche beaucoup (je ne sais pas s'il est dans le recueil cité.)
Je n'ai pas le temps de tout mettre aujourd'hui, mais je note quelques vers...
Lorsque l'enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris ; son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
se dérident soudain à voir l'enfant paraître,
Innocent et joyeux.
(...)
Enfant, vous êtes l'aube et mon âme est la plaine
Qui des plus douces fleurs embaument son haleine
Quand vous la respirez;
Mon âme est la forêt dont les sombres ramures
S'emplissent pour vous seul de suaves murmures,
Et de rayons dorés !
Inscrit le: 26 Avr 2007 Messages: 840 Localisation: France
Posté le: Ven Mai 04, 2007 5:03 pm Sujet du message:
anitak a écrit:
à Soleil, je dirais que "Le Pas du Roi Jean" gagne a être lu à haute voix (comme souvent en posésie ) Tu vois alors que la construction est effectivement un bel exercice stylistique, mais qu'il ne nuit en rien à la musicalité, bien au contraire. (enfin, c'est, naturellement, un avis personnel
D'ailleurs il a été mis en musique par Saint-Saëns, sur un rythme très entraînant (je me souviens de l'avoir chanté, à l'époque où je faisais partie d'une chorale).
Inscrit le: 26 Avr 2007 Messages: 44 Localisation: dans le monde des Mages
Posté le: Lun Mai 07, 2007 5:54 pm Sujet du message:
Outremer a écrit:
anitak a écrit:
à Soleil, je dirais que "Le Pas du Roi Jean" gagne a être lu à haute voix (comme souvent en posésie ) Tu vois alors que la construction est effectivement un bel exercice stylistique, mais qu'il ne nuit en rien à la musicalité, bien au contraire. (enfin, c'est, naturellement, un avis personnel
D'ailleurs il a été mis en musique par Saint-Saëns, sur un rythme très entraînant (je me souviens de l'avoir chanté, à l'époque où je faisais partie d'une chorale).
Je ne connais pas et je devrais aller écouter des chorales plus souvent
Posté le: Mar Jan 29, 2013 3:49 pm Sujet du message:
J'adore la poésie d'Hugo quand elle parle de l'Univers, et quand elle parle des femmes et de ses filles.
Abîme - La Voie Lactée
Millions, millions, et millions d'étoiles !
Je suis, dans l'ombre affreuse et sous les sacrés voiles,
La splendide forêt des constellations.
C'est moi qui suis l'amas des yeux et des rayons,
L'épaisseur inouïe et morne des lumières,
Encor tout débordant des effluves premières,
Mon éclatant abîme est votre source à tous.
O les astres d'en bas, je suis si loin de vous
Que mon vaste archipel de splendeurs immobiles,
Que mon tas de soleils n'est, pour vos yeux débiles,
Au fond du ciel, désert lugubre où meurt le bruit,
Qu'un peu de cendre rouge éparse dans la nuit !
Mais, ô globes rampants et lourds, quelle épouvante
Pour qui pénétrerait dans ma lueur vivante,
Pour qui verrait de près mon nuage vermeil !
Chaque point est un astre et chaque astre un soleil.
Autant d'astres, autant d'immensités étranges,
Diverses, s'approchant des démons ou des anges,
Dont les planètes font autant de nations ;
Un groupe d'univers, en proie aux passions,
Tourne autour de chacun de mes soleils de flammes ;
Dans chaque humanité sont des coeurs et des âmes,
Miroirs profonds ouverts à l'oeil universel,
Dans chaque coeur l'amour, dans chaque âme le ciel !
Tout cela naît, meurt, croît, décroît, se multiplie.
La lumière en regorge et l'ombre en est remplie.
Dans le gouffre sous moi, de mon aube éblouis,
Globes, grains de lumière au loin épanouis,
Toi, zodiaque, vous, comètes éperdues,
Tremblants, vous traversez les blêmes étendues,
Et vos bruits sont pareils à de vagues clairons,
Et j'ai plus de soleils que vous de moucherons.
Mon immensité vit, radieuse et féconde.
J'ignore par moments si le reste du monde,
Errant dans quelque coin du morne firmament,
Ne s'évanouit pas dans mon rayonnement.
Les Nébuleuses
A qui donc parles-tu, flocon lointain qui passes ?
A peine entendons-nous ta voix dans les espaces.
Nous ne te distinguons que comme un nimbe obscur
Au coin le plus perdu du plus nocturne azur.
Laisse-nous luire en paix, nous, blancheurs des ténèbres,
Mondes spectres éclos dans les chaos funèbres,
N'ayant ni pôle austral ni pôle boréal :
Nous, les réalités vivant dans l'idéal,
Les univers, d'où sort l'immense essaim des rêves,
Dispersés dans l'éther, cet océan sans grèves
Dont le flot à son bord n'est jamais revenu ;
Nous les créations, îles de l'inconnu !
L'Infini
L'être multiple vit dans mon unité sombre.
Dieu
Je n'aurais qu'à souffler, et tout serait de l'ombre.
Mes deux filles
Dans le frais clair-obscur du soir charmant qui tombe,
L'une pareille au cygne et l'autre à la colombe,
Belle, et toutes deux joyeuses, ô douceur !
Voyez, la grande soeur et la petite soeur
Sont assises au seuil du jardin, et sur elles
Un bouquet d'oeillets blancs aux longues tiges frêles,
Dans une urne de marbre agité par le vent,
Se penche, et les regarde, immobile et vivant,
Et frissonne dans l'ombre, et semble, au bord du vase,
Un vol de papillons arrêté dans l'extase. _________________ Je vous enseigne le Surhumain. L’homme n’existe que pour être dépassé.
Vous avez dansé, mais une jambe n’est pas encore une aile : Friedrich Nietzsche.
Inscrit le: 27 Juin 2011 Messages: 3324 Localisation: Great North
Posté le: Mer Jan 30, 2013 8:46 am Sujet du message:
Mes deux préférés que j'étudie régulièrement avec mes élèves :
Les Djinns
Murs, ville,
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort.
Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit !
La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.
La rumeur approche.
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit ;
Comme un bruit de foule,
Qui tonne et qui roule,
Et tantôt s'écroule,
Et tantôt grandit,
Dieu ! la voix sépulcrale
Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond.
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.
C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant !
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau, lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.
Ils sont tout près ! - Tenons fermée
Cette salle, où nous les narguons.
Quel bruit dehors ! Hideuse armée
De vampires et de dragons !
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée
Tremble, à déraciner ses gonds !
Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure !
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon !
Prophète ! si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs !
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs !
Ils sont passés ! - Leur cohorte
S'envole, et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés !
De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle,
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.
D'étranges syllabes
Nous viennent encor ;
Ainsi, des arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.
Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leurs pas ;
Leur essaim gronde :
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.
Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord ;
C'est la plainte,
Presque éteinte,
D'une sainte
Pour un mort.
On doute
La nuit...
J'écoute : -
Tout fuit,
Tout passe
L'espace
Efface
Le bruit.
Jeanne était au pain sec...
Jeanne était au pain sec dans le cabinet noir,
Pour un crime quelconque, et, manquant au devoir,
J'allai voir la proscrite en pleine forfaiture,
Et lui glissai dans l'ombre un pot de confiture
Contraire aux lois. Tous ceux sur qui, dans ma cité,
Repose le salut de la société,
S'indignèrent, et Jeanne a dit d'une voix douce :
- Je ne toucherai plus mon nez avec mon pouce ;
Je ne me ferai plus griffer par le minet.
Mais on s'est récrié : - Cette enfant vous connaît ;
Elle sait à quel point vous êtes faible et lâche.
Elle vous voit toujours rire quand on se fâche.
Pas de gouvernement possible. À chaque instant
L'ordre est troublé par vous ; le pouvoir se détend ;
Plus de règle. L'enfant n'a plus rien qui l'arrête.
Vous démolissez tout. - Et j'ai baissé la tête,
Et j'ai dit : - Je n'ai rien à répondre à cela,
J'ai tort. Oui, c'est avec ces indulgences-là
Qu'on a toujours conduit les peuples à leur perte.
Qu'on me mette au pain sec. - Vous le méritez, certe,
On vous y mettra. - Jeanne alors, dans son coin noir,
M'a dit tout bas, levant ses yeux si beaux à voir,
Pleins de l'autorité des douces créatures :
- Eh bien, moi, je t'irai porter des confitures.
Le premier c'est pour le tour de force mimétique entre le fond et la forme , et le second pour l'impression d'absolu naturel enfantin . _________________ "Tout est dans tout et réciproquement ."
Posté le: Mar Aoû 05, 2014 7:02 am Sujet du message:
La fin de "Booz endormi" dans la Légende des Siècles et sa fameuse rime à [dé]
L'ombre était nuptiale, auguste et solennelle ;
Les anges y volaient sans doute obscurément,
Car on voyait passer dans la nuit, par moment,
Quelque chose de bleu qui paraissait une aile.
La respiration de Booz qui dormait,
Se mêlait au bruit sourd des ruisseaux sur la mousse.
On était dans le mois où la nature est douce,
Les collines ayant des lis sur leur sommet.
Ruth songeait et Booz dormait ; l'herbe était noire ;
Les grelots des troupeaux palpitaient vaguement ;
Une immense bonté tombait du firmament ;
C'était l'heure tranquille où les lions vont boire.
Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;
Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l'ombre
Brillait à l'occident, et Ruth se demandait,
Immobile, ouvrant l'oeil à moitié sous ses voiles,
Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été
Avait, en s'en allant, négligemment jeté
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles.
Posté le: Ven Juil 31, 2020 8:02 am Sujet du message:
C'est un des poèmes de Victor Hugo que j’apprécie beaucoup!
À des âmes envolées
Ces âmes que tu rappelles,
Mon coeur, ne reviennent pas.
Pourquoi donc s'obstinent-elles,
Hélas ! à rester là-bas ?
Dans les sphères éclatantes,
Dans l'azur et les rayons,
Sont-elles donc plus contentes
Qu'avec nous qui les aimions ?
Nous avions sous les tonnelles
Une maison près Saint-Leu.
Comme les fleurs étaient belles !
Comme le ciel était bleu !
Parmi les feuilles tombées,
Nous courions au bois vermeil ;
Nous cherchions des scarabées
Sur les vieux murs au soleil ;
On riait de ce bon rire
Qu'Éden jadis entendit,
Ayant toujours à se dire
Ce qu'on s'était déjà dit ;
Je contais la Mère l'Oie ;
On était heureux, Dieu sait !
On poussait des cris de joie
Pour un oiseau qui passait.
Posté le: Mar Juin 22, 2021 9:36 am Sujet du message:
fafafa a écrit:
La fin de "Booz endormi" dans la Légende des Siècles et sa fameuse rime à [dé]
Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth
... que n'a-t-on dit, écrit - et supputé - sur ce "Jérimadeth", ville antique totalement inconnue !
Certains estiment même qu'il ne s'agirait là que d'une plaisanterie de Hugo qui, ne pouvant trouver une rime décente, aurait tout simplement inventé ce nom, dont le sens caché serait en réalité "j'ai rime à dé".
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum
Commandez vos livres sur Internet avec le Coin des Lecteurs => ici