Posté le: Jeu Aoû 26, 2004 2:08 pm Sujet du message: Kiffe Kiffe demain - Faiza Guene
Si vous avez dans votre entourage un ado qui sous ses airs bourrus aime rigoler et rêver, offrez lui ce premier roman. L’héroïne, Doria, 15 ans, possède un sens aigu de la repartie doublé d’une pêche d’enfer. Son univers est pourtant loin d’être rose. Son père remarié au Maroc, Doria vit avec sa mère dans une cité banlieusarde où rien n’est facile. Personnages haut en couleurs, dialogues à la fois drôles et sensibles, Faïza Guène, 19 ans, a réussi son pari : faire rire tout en imposant une lucidité précoce qui coupe le souffle. Pour ados, par une ado.Voir article nouvel obs dans "ils en ont parlé"
Posté le: Jeu Aoû 26, 2004 4:03 pm Sujet du message: article sur "Kiffe Kiffe demain" dans L'Obs
Voir Post sur ce livre dans Litterature Jeunesse
Sagan des cités ou petite soeur de Jamel Debbouze? Le monde selon Faïza Elle parle le verlan comme le français châtié, raconte le quotidien d’une beurette de banlieue avec humour et acidité. Faïza Guène, 19 ans, sort un premier roman et un film à la rentrée «Tout le monde se casse et moi je vais rester au quartier pour surveiller la cité comme un chien de garde», lâche l’héroïne de son roman. Ce matin, Faïza fait penser à son personnage. L’air est brûlant dans le quartier des Courtillières, à Pantin. Herbe jaunie, peu de monde aux fenêtres, collège bouclé, la cité est en vacances. Dans la maison de quartier où elle se sent chez elle, Faïza regarde ses copains emballer des caméras pour un stage qui les emmènera demain au Maroc. Elle devait être du voyage. Mais, chez Hachette, on ne l’a pas laissée filer. «Je dois rester là, pour le livre…», dit la gamine, la voix blanche.
Faïza Guène, 19 ans, fille aux joues rondes et aux barrettes dans les cheveux, la «Faïzouza» de sa maman, sera sans doute une des découvertes littéraires de la rentrée. Son roman Kiffe Kiffe demain fera rire et pleurer beaucoup de monde. On découvrira qu’elle est à la fois une cinéaste prometteuse et une romancière en herbe. Dans le creux de l’été, une cohorte de journalistes se bousculent déjà sur son portable. Le premier roman d’une beurette de banlieue ne passe pas inaperçu. Quand c’est une petite merveille, c’est la ruée sur l’auteur, sa vie, son œuvre. On en fera peut-être un phénomène. Nouvelle Sagan des cités ou petite sœur de Jamel Debbouze?
On va adorer son insolente héroïne, Doria, 15 ans, qui vit seule avec Maman depuis que «le barbu», son père, est reparti au pays en épouser une autre. Elle jacte comme une pie et déverse la chronique de sa cité de Livry-Gargan, perdue dans le grand 93 des banlieues. Chez Doria, les maris font «du mi-temps», les filles sont parfois «détenues» à la maison, il y a «de la pisse et des mollards» dans les ascenseurs… Mais bon, il y a aussi des kermesses avec du synthé, des barbecues frites-merguez… On cause, on tchatche. Enervée, dégoûtée, revenue de tout, sauf de l’amour pour sa mère, Doria enregistre la vie en se faisant du cinéma. Mais le jour où son voisin Nabil lui récite du Rimbaud, voilà l’ado qui cesse de soupirer que tout est «kif-kif». Et même si «c’est de la poisse d’être fille», elle se met à «kiffer» demain… Comprenez: l’idée de l’avenir lui plaît beaucoup. Avec elle, on revisite la France des quartiers où habitent des Français pas tous d’origine, encore entre deux mondes, toujours vivants, plus que jamais. Et l’on se sent, comme elle à la fin, de «forts élans républicains».
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Faïza ne réalise pas encore ce qui lui arrive. «Les gens vont lire ce que j’ai écrit, lâche-t-elle, c’est ça qui me fait le plus kiffer! Mais franchement je n’arrive pas à trouver ça mortel!» Pour l’instant, elle a la trouille. Elle vanne, elle tutoie: «Je ne sais pas conjuguer le vous!» Elle se moque d’elle en photo: «J’ai l’air d’une maniaco-dépressive!» Elle assure qu’elle a fait son livre «sans y avoir pensé». «Ecrire, ça vient tout seul. Je te jure, un soir, j’ai écrit sur un cahier: "C’est lundi et comme tous les lundis […]", sans savoir ce qui allait suivre. Ce livre, c’est du hasard. Je n’ai pas claqué des doigts pour le faire, mais il est sorti tout seul.» Ensuite, elle devance aussi la question brûlante: «Tu vas me demander si c’est autobiographique? C’est obligatoire, mais j’y ai mis une façon de regarder les choses. Au fond, je devais composer ce livre depuis des années. J’espère que je n’ai pas été trop dure.»
Possible que sa peste de Doria, Faïza l’ait campée pour balancer ce qu’elle avait sur le cœur. Faute de pouvoir le faire dans la vraie vie. Pour ne pas faire de peine à ceux de «chez nous». Entendez «nous, les Arabes». «Elle va faire connaître un peu plus ce que nous vivons, soupire une amie. Nous les filles, nous devons vivre en douce pour ne pas décevoir nos parents.» «C’est une génération encore coincée entre deux cultures, explique un professeur. Elles veulent éviter la schizophrénie et tentent la cohabitation. Mais elles sont à la veille de leur Mai-68.»
En attendant leur révo cul, ces filles sont des hybrides. Tour à tour raisonnable et délurée, Faïza parle en verlan comme en français châtié, aligne des tirades de gamine et des propos de femme avertie, le tout dans un éclectisme permanent. Chateaubriand ne va pas sans Tahar Ben Jelloun, Souchon sans Diana Ross, Cheb Mami sans Boris Vian. Banale et extraordinaire, son histoire lui ressemble. Celle d’une fille d’immigrés algériens qui a grandi dans une famille «collée-soudée». Voilà cinquante ans, Papa quitte ses chèvres et son djebel pour tenir un marteau-piqueur sur le pavé parisien. Maman arrive plus tard pour faire une famille. Deux filles et un garçon, couvés avec vigilance, abreuvés de deux préceptes: «Soyez gentils» et «Travaillez à l’école». «Je ne voulais pas que mes filles perdent leur vie, comme moi, à aider leur mère, explique la maman. Même leur verre était déjà rempli d’eau quand elles rentraient manger à midi!»
Faïza, la cadette, championne d’orthographe et première en rédaction, emprunte le matin des livres qu’elle rend le soir, gribouille des histoires sans arrêt. Elle saute le CP et déteste la sonnerie qui met fin aux ateliers de lecture. Au collège, le djeja – petit poulet maigre – s’étoffe, fréquente le dictionnaire, découvre Zola, Brassens, Kateb Yacine. Jusqu’au jour où un prof, Boris Seguin, l’emmène faire un reportage pour le journal du collège sur la maison de quartier. Elle doit raconter l’atelier d’écriture cinématographique qu’il y anime. Un génie, ce Seguin. Il invente des chemins de traverse pour donner aux élèves l’envie de maîtriser leur langage et leur écriture. Autant que la rime, le décorticage du verlan fait partie du programme. Le jour du reportage, Faïza, médusée, lâche son article et assiste à l’atelier. Elle ne l’a jamais quitté depuis.
«La gamine de 13 ans aux yeux pétillants a appris les bases de la grammaire cinématographique, se souvient Julien Sicard, maître d’œuvre de l’association Les Engraineurs qui produit les films de l’atelier. Elle nous a vite apporté son premier scénario, trois pages manuscrites assez propres.» Sidérés, les cinéastes lui font travailler son texte et le tournent en vidéo. Le film s’appelle «la Zonzonnière», du nom des filles trop surveillées. Faïza devient vite «l’Engraineuse» la plus productive. A 15 ans, elle réalise «RTT», son premier court-métrage, «avec trois sous qui se courent après». Le projet manque de capoter la veille du tournage, l’actrice principale ayant déclaré forfait. La mère de Faïza propose de reprendre le rôle. Elle apprend le texte en épluchant ses légumes, et elle «cartonne», dit sa fille, «trop fière d’elle». «RTT» remporte trois prix dans des festivals.
Cinq courts-métrages suivront, mais aussi un documentaire sur le 17 octobre 1961, «pour raccrocher les wagons avec la mémoire de son père», dit un ami. Après le bac, elle abandonne rapidement l’IUT voisin. «Des Martiens dont je ne comprends pas le langage.» Elle déprime, se sent nulle. Mais heureusement Les Engraineurs sont là pour la pousser à reprendre l’écriture. Faïza respire à nouveau, écrit et fait lire 50 pages d’«un truc» à Boris Seguin, qui les apporte aussitôt à sa sœur, éditrice chez Hachette. Contrat signé pour un «Kiffe kiffe demain»… Dans la foulée, ils se mobilisent pour qu’elle réalise un moyen-métrage. Un vrai film cette fois, «Rien que des mots», avec 60000 euros du Fonds social européen et du Centre national de la Cinématographie. Le tournage a lieu en décembre dernier. Casquette sur la tête et cahier sous le bras, Faïza dirige 20 techniciens professionnels et sa dizaine d’acteurs, dont sa mère. Le film sortira en septembre.
Combien de temps restera-t-elle encore la fille des Courtillières? Maman s’inquiète parfois de la voir aussi souvent partie: «On va t’oublier, tu sais…» Câline, Faïza s’en sort par une vanne: «Garde-moi ta plus belle robe orientale pour le jour où je monterai les escaliers à Cannes!» Elle ne dit pas à «ces gens dignes» que leur fille «ne sait pas où elle va». «Je suis une égarée, lance-t-elle. Je vais où le vent m’emporte, mais j’ai du temps à perdre.» Les bancs de l’école lui manquent, elle y retournera en septembre, en socio à Saint-Denis. Elle file aussi souvent que possible avec ses copines explorer le vaste monde de l’autre côté du périphérique. De quoi engrainer son premier sujet en dehors de la cité.
(1) «Kiffe kiffe demain», par Faïza Guène, Hachette Littératures, 194 p., 16 euros. Anne Fohr
Dernière édition par yansored le Ven Aoû 27, 2004 9:05 am; édité 1 fois
Posté le: Dim Sep 12, 2004 7:55 pm Sujet du message:
en fait, c'est un livre qu'on peut lire à partir de 15 ans.....
donc je l'avais mis en jeunesse mais bon, c'est vrai, on peut le mettre en litterature francophone ?
Posté le: Dim Sep 12, 2004 10:13 pm Sujet du message:
en fait, comme j'ai chroniqué ce livre pour mon journal sur une page 'enfants/ados', je l'ai mis ici automatiquement.mais bon, si vous voulez le bouger, no soucy !
Citation:
Si tu considères qu'en médecine, on est adulte à 15 ans et 3 mois
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Posté le: Ven Sep 16, 2005 6:38 pm Sujet du message:
Le regard à la fois désabusé et naïf d’une jeune fille des cités sur le monde qui l’entoure, ses répliques et ses jugements à l’emporte-pièce, un livre frais, pertinent et pétillant. _________________ Fantasy can become reality (Stratovarius).
Posté le: Ven Sep 16, 2005 7:02 pm Sujet du message:
en affet, j'ai lu ce livre au moment de sa sortie et je l'avais trouvé plein de force, de trouvailles. Pourtant, après l'avoir fait lire à des "ados qui n'aiment pas lire", je me suis aperçue qu'ils n'avaient pas accroché.
après l'avoir fait lire à des "ados qui n'aiment pas lire", je me suis aperçue qu'ils n'avaient pas accroché.
Que lui ont-ils reproché ? _________________ Crazy Modératrice et Dictatrice Adjointe Il ne faut pas confondre ce qui est personnel et ce qui est important (Terry Pratchett)
J'ai un blog, et maintenant, j'ai publié un roman
Posté le: Mar Oct 11, 2005 12:22 pm Sujet du message:
Désolée pour la réponse tardive.
En fait, ils trouvaient qu'il n'y avait pas d'histoire. Que c'était seulement des épisodes qui se suivaient sans progression.
Mais je pense qu'ils sont malheureusement "préformatés" par la télé et les films d'action.
Posté le: Mar Mar 20, 2007 10:07 am Sujet du message:
J'ai personnellement bien aimé. J'avoue que le langage utilisé m'a surpris au départ car je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Passé ce fait, j'ai accroché : la narratrice a beaucoup d'humour et l'histoire est sympathique. Ca se lit d'une traite.
Posté le: Mar Mar 04, 2008 5:08 pm Sujet du message:
je n'ai pas lu ce livre mais je sais que ma prof de francais n'aime pas du tout !
à ce qu'il parrait c'est vulgaire .... _________________ la lucha sigue !
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